Lors de notre première année dans le Languedoc nous avons circulé surtout en voiture et en train. Notre premier voyage en avion s'est déroulé en novembre dernier, pour aller au Chili, et a été l'occasion de s'intéresser à l'aéroport de Montpellier-Méditerranée et aux avantages ou inconvénients qu'il offre.
L'aéroport qui s'appelait autrefois l'aéroport de Montpellier-Fréjorgues, et qui continue pour les anciens de la région d'être appelé ainsi, s'appelle depuis 1994 l'aéroport de Montpellier-Méditerranée. Il est situé sur la commune de Mauguio, voisine de Lattes. Il dispose d'une piste principale de 2.600 m de long, et d'une piste secondaire de 1.100 m. Pour les pilotes, il est équipé d'un ILS de catégorie 1, qui permet l'atterrissage guidé quand les conditions de visibilité ne sont pas trop dégradées.
D'après Google Maps il se situe à 10 mn en voiture, soit 5,4 km, des arènes de Lattes près desquelles nous habitons. Il est donc beaucoup plus facile d'accès en voiture que ce que nous connaissions en région parisienne, où il fallait compter au moins une heure pour rejoindre l'aéroport de CDG ou celui d'Orly.
Nous avons ainsi pu amener et chercher très facilement à l'aéroport des amis ou membres de la famille qui étaient venus nous visiter en avion. Dans la plupart des cas, nous n'avons même pas payé le parking. En empruntant la voie qui sert de dépose minute, on passe devant la porte A de l'aérogare, dans le hall des Arrivées, et quitte à faire une ou deux fois la boucle de cette voie, on peut arriver devant la porte A au moment où nos visiteurs sortent de l'aérogare et les faire monter en voiture. Pour la dépose c'est encore plus simple, du moins si on ne veut pas accompagner les passagers jusqu'à l'embarquement, puisque la même voie est expressément prévue pour la dépose-minute et permet de laisser des passagers devant la porte C ou D vers le hall des Départs.
Evidemment lorsqu'on prend soi-même l'avion cette solution ne marche pas, sauf si on trouve, comme cela a été notre cas en novembre, un voisin sympathique qui nous y dépose. Au retour nous avons pris un taxi qui nous a coûté 15 €, ce qui est aussi très avantageux par rapport aux 50 € à 55 € qu'on paye maintenant au minimum en région parisienne.
Si on veut prendre les transports en commun depuis Lattes, c'est plus compliqué. Le tram ne dessert pas l'aéroport, pas davantage que les bus de la TAM, ce qui s'explique sans doute par le fait que Mauguio n'a pas accepté de faire partie de l'agglomération de Montpellier. Seule la ligne de bus 120 de la société Hérault Transport le dessert. Cette ligne relie l'aéroport à la station de tram "Place de l'Europe" à Montpellier, sur les lignes de tram 1 et 4. Le trajet dure 15 mn. En cet hiver 2017 on constate qu'un bus part toutes les heures à l'aéroport, et y revient toutes les heures et demies en partant de la place de l'Europe. Le trajet coûte 1,60 € et on prend le ticket directement dans le bus.
Attention cependant à une curieuse dissymétrie dans les plages horaires: si j'en crois la plaquette de Hérault Transport, on peut se rendre à l'aéroport tôt le matin dès 5 h 30, mais pas après 19 h 30. Alors qu'on ne peut repartir de l'aéroport qu'à partir de 9 h du matin, mais jusqu'à 23 h. Cela signifierait que le matin et le soir la navette fait la moitié des trajets à vide? C'est peu vraisemblable et les horaires sont donc à vérifier, d'autant que la compagnie annonce qu'ils peuvent aussi être modifiés en fonction des horaires des avions. Il vaut donc mieux téléphoner avant si on veut être sûr d'avoir les bons horaires de cette navette.
Toujours est-il que pour aller depuis Lattes-Centre jusqu'à la station "Place de l'Europe" c'est aussi assez compliqué. Le site de la TAM destiné à rechercher des itinéraires propose carrément de prendre le tram 3 jusqu'à l'arrêt "Rives du Lez" et de marcher 6 mn à pieds jusqu'à la place de l'Europe. Sympa si on a des valises, d'autant qu'il faut déjà marcher 6 mn depuis notre domicile jusqu'à la station Lattes-centre du tram 3. C'est cependant le trajet le plus rapide et il met 25 mn, ce qui ferait jusqu'à l'aéroport un temps total de 46 mn auquel s'ajoute éventuellement l'attente du bus à la place de l'Europe. Disons donc une heure. Inutile de souligner que ce n'est pas vraiment compétitif par rapport aux 10 minutes de la voiture ou du taxi.
On peut alors envisager de laisser la voiture à l'aéroport, qui comme tous les aéroports est doté de grands parkings, aux tarifs très élevés, bien qu'ils s'affichent comme écologiques avec leurs panneaux solaires sur les toits. Pour les courtes durées, il faut absolument se rendre aux parkings P2 ou P3 où dès la première minute on paie quand même 1,30 € pour y rester au maximum un quart d'heure, et 3,60 € pour une heure. Si on reste absent plusieurs jours, il y a des formules adaptées dans les parkings P4 à P8, par exemple 26 € pour 2 jours, 33 € pour 3 à 6 jours, et 40 € pour 3 semaines. Comme le taxi nous coûterait environ 30 € pour un aller-retour, on peut considérer que le stationnement ne vaudrait la peine pour nous que si nous restions en déplacement au maximum 2 jours. Au-delà le taxi s'impose.
Une fois qu'on a accédé à l'aéroport, on découvre un aéroport régional où tout est à taille humaine, et où il paraît très difficile d'être désorienté ou de se perdre. Certes, on peut aussi devoir faire la queue devant les comptoirs d'enregistrement ou de dépose-valises si on arrive juste avant un vol. Mais si on évite la pointe, tout est très fluide: l'embarquement comme le passage aux contrôles de sécurité ou aux contrôles d'immigration. On n'éprouve plus rien du stress des aéroports parisiens. C'est très appréciable quand on doit ensuite prendre une correspondance internationale à Paris: pour aller au Chili avec Air France, nous avons été enregistrés et contrôlés une seule fois à Montpellier et avons pu prendre à Paris-CDG la correspondance vers Santiago du Chili sans reprendre notre valise, et sans repasser aux contrôles de sûreté. Nous avons juste dû passer aux contrôles d'immigration montrer nos passeports. C'était la même chose au retour.
J'en conclus que l'inconvénient de devoir prendre un vol Montpellier-Paris avant de pouvoir prendre un vol international à Paris-CDG est largement compensé par la réduction des délais et du stress obtenue en embarquant à Montpellier. Bien sûr le billet d'avion coûte un peu plus cher, mais on sait qu'Air France gagne essentiellement son argent sur les vols internationaux et ne fait pas payer très cher les vols d'apport qui permettent d'alimenter son hub parisien. A titre d'exemple, si je voulais acheter aujourd'hui un voyage de Montpellier à Santiago du Chili pour février prochain, je payerais 1.039 €, alors que si je faisais le même voyage au départ et à l'arrivée de Paris (en prenant les mêmes vols d'Air France de Paris à Santiago) cela me reviendrait à 994 €. La différence n'est que de 45 €, sans doute à peine le coût des taxes d'aéroport.
Pour rejoindre Paris en avion, il y a jusqu'à 14 vols par jour, dont 4 pour CDG et 10 pour Orly. Ils sont réduits à 8 en cette période de creux hivernal, en conservant les 4 vers CDG qui permettent les correspondances internationales. Si on voulait aujourd'hui prendre un billet pour faire le trajet de Montpellier à Paris seulement, en février ou mars prochain, il coûterait 101 € aller-retour aux horaires les moins chers, ce qui est assez stable par rapport à ce que j'écrivais en novembre 2015 quand j'étudiais les liaisons entre Paris et Montpellier.
Pour rejoindre Paris en avion, il y a jusqu'à 14 vols par jour, dont 4 pour CDG et 10 pour Orly. Ils sont réduits à 8 en cette période de creux hivernal, en conservant les 4 vers CDG qui permettent les correspondances internationales. Si on voulait aujourd'hui prendre un billet pour faire le trajet de Montpellier à Paris seulement, en février ou mars prochain, il coûterait 101 € aller-retour aux horaires les moins chers, ce qui est assez stable par rapport à ce que j'écrivais en novembre 2015 quand j'étudiais les liaisons entre Paris et Montpellier.
Outre les liaisons vers Paris, l'aéroport de Montpellier est relié directement par des lignes régulières à 26 autres destinations françaises, européennes ou d'Afrique du Nord qui pourraient être un jour utiles. Citons celles qui fonctionnent toute l'année, même si ce n'est pas toujours un vol quotidien: Alger, Amsterdam, Bâle-Mulhouse, Bordeaux, Casablanca, Charleroi, Fès, Londres, Marrakech, Nador (au Maroc), Nantes, Strasbourg, Tanger.
Si la proximité d'un aéroport est un atout, cela peut cependant être un handicap en terme de nuisances sonores. De ce point de vue, le Plan d'Exposition au bruit définit les zones où le bruit est suffisamment fort pour qu'il y ait des restrictions d'urbanisme. On constate que Lattes est légèrement touchée par la zone C de ce plan (zone verte où le bruit dépasse 55 décibels), mais seulement à sa bordure Est qui concerne quelques maisons du quartier de Boirargues. Le PEB ne concerne donc pas Lattes-centre où nous habitons.
Cela confirme notre perception: si on aperçoit parfois un avion commercial dans le ciel depuis notre maison, c'est à une altitude assez haute pour amortir nettement le bruit, et en outre ce n'est pas très fréquent. En saison, on entend un peu plus souvent des vols d'aviation légère, sans toujours pouvoir dire si ce ne sont pas les avions de l'Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen qui répandent des insecticides au-dessus des étangs. Si c'est pour la bonne cause, le bruit devient tout de suite plus supportable.
Pour l'avenir, il faut cependant rester vigilant. L'aéroport Montpellier-Méditerranée est actuellement un aéroport qui appartient à l'Etat, et qui est géré par une société aéroportuaire où l'Etat possède 60 % des parts. Mais on sait que l'Etat ne s'y intéresse pas vraiment. La gestion par l'Etat de l'aéroport de Montpellier (1.671.121 passagers en 2016) est, comme celle de Strasbourg-Entzheim (moins d'un million de passagers par an), une anomalie, car il est difficile de voir un intérêt national dans un tel aéroport , alors que l'intérêt régional est au contraire évident. Tout laisse penser donc que l'Etat se désengagera dans les prochaines années, soit en décentralisant la propriété de l'aéroport - comme cela est prévu dans l'article 21 de la loi dite NOTRE - soit en vendant ses parts dans la société aéroportuaire, comme cela a été fait à Toulouse, Lyon et Nice, ou même les deux. Dans ce cas, les collectivités ou un opérateur privé prendront les rennes de l'aéroport et essaieront sans doute de développer son trafic.
D'ores et déjà, le directeur de l'aéroport, Emmanuel Brehmer, a annoncé un plan stratégique de développement qui doit doubler le nombre de destinations et accroître le trafic de 1 millions de passagers par an d'ici 2020. En avril 2016, FR3 Languedoc trouvait ce plan bien ambitieux et n'y croyait pas trop, en raison de la concurrence de Toulouse et surtout Marseille. Ce dernier, il est vrai est assez attractif pour les habitants de Montpellier. Mais force est de constater qu'en 2016 le trafic de Montpellier-Méditerranée a augmenté de 10 % par rapport à 2015. C'est pour une part du à la croissance annuelle de la population de l'agglomération de Montpellier, qui dépasse 5 % par an. Mais c'est aussi le résultat d'une certaine agressivité commerciale qui a obtenu l'ouverture de nouvelles lignes aériennes. Si un jour Ryanair ou Easyjet installent une base cela peut développer de façon très forte les rotations d'appareils et donc le bruit, surtout si de nouvelles trajectoires devaient être adoptées qui n'épargnaient plus les zones urbanisées.
L'ADECNA, une association de défense contre les nuisances sonores de l'aéroport semble incarner cette nécessaire vigilance. Même si aujourd'hui le dialogue entre l'aéroport, la DGAC et les riverains paraît constructif, cela peut demain se compliquer, comme on l'a vu à Toulouse dès que la société gestionnaire a été vendue par l'Etat à un consortium chinois qui affichait de grandes ambitions, mais qui pour l'instant fait de l'aéroport surtout une machine à cash.