jeudi 3 août 2017

Législatives

On va finir cette série d'articles sur la politique locale et régionale en évoquant les résultats des élections législatives des 11 et 18 juin derniers.

Ce qui frappe tout d'abord c'est l'absence visible de campagne électorale. S'il n'y avait pas quelques panneaux d'affichage, et encore à Lattes-centre j'en ai rencontré peu, juste une série devant la médiathèque et une autre devant le collège Georges Brassens, on n'aurait pas su qu'il y avait une campagne électorale en cours dans notre commune.

Les candidats étaient pourtant assez nombreux dans cette 1ère circonscription de l'Hérault qui regroupe trois cantons du Sud de Montpellier (les cantons 5, 6 et 8), le canton de Lattes et la commune de Villeneuve-les-Maguelone. Ils étaient en fait 14 candidats au 1er tour.

Si on s'était vraiment intéressé à cette élection, on aurait pu trouver des analyses de la circonscription dans le Midi Libre et même un débat télévisé diffusé sur France 3 Occitanie le 1er juin 2017. Plusieurs réunions publiques semblent aussi avoir eu lieu, mais elles étaient chaque fois annoncées de manière assez confidentielle.

Pour nous qui ne  sommes que depuis 18 mois dans la région, tous les noms étaient inconnus, même le député sortant, l'écologiste Jean-Louis Roumégas, n'avait pas de notoriété particulière pour nous.


Le seul candidat que nous avons un jour vu physiquement, et avec qui nous avons échangé quelques propos, était assis à la table à côté de nous au restaurant Delphis de Lattes, où soit-dit en passant nous goûtions le couscous du jeudi. C'était Laurent Pithon, un dissident du Front National, qui se présente comme soutenu par Jean-Marie Le Pen avec pour ambition principale de faire battre Mme Jamet la candidate du Front National soutenue par Marine Le Pen.


Inutile de dire que ce n'était pas vraiment notre tasse de thé, même si notre brève conversation a été courtoise. Son autre point de fixation était de rappeler que le candidat de la Droite et du Centre,  Joseph Francis, pourtant régulièrement présenté comme l'un des favoris dans notre circonscription réputée plutôt de droite, serait en réalité inéligible après une condamnation du tribunal administratif, et que seule une complaisance du préfet de l'Hérault aurait permis que sa candidature soit maintenue.  Je n'ai pas  trouvé de confirmation de ces affirmations, sauf qu'effectivement en 2015 le tribunal administratif de Montpellier a condamné M. Francis à 3 mois d'inéligibilité pour des "erreurs" dans son compte de campagne à l'occasion des élections municipales.


C'est quand même étonnant de voir tous ces hommes politiques qui veulent gérer une ville, ou même l'Etat, et qui ne savent pas gérer un compte de campagne électorale! Encore un syndrome de phobie administrative?

Les candidats étant relativement inconnus, et la campagne électorale étant escamotée, c'est donc, comme dans beaucoup d'autres circonscriptions, sur la base des seules étiquettes politiques que s'est jouée l'élection dans notre circonscription.

Au premier tour effectué le 11 juin 2017, les résultats ont été les suivants:

RÉSULTAT DE LA 1ÈRE CIRCONSCRIPTION DE L'HÉRAULT

TendanceCandidatVoix% Voix circonscriptionStatut
La République en marchePatricia MIRALLÈS13 48134,12%Ballotage
Front NationalFrance JAMET6 64416,82%Ballotage
La France insoumiseJulien COLET6 16315,60%
EcologisteJean-Louis ROUMEGAS4 22810,70%
Union des Démocrates et IndépendantsJoseph FRANCIS3 8369,71%
Divers droiteMichel MOXIN1 7384,40%
Divers gaucheFrédéric BORT1 1492,91%
Debout la FranceFabienne ALBARRAN6141,55%
NPAValérie GARNIER4991,26%
Nouvelle DonneWilliam GOMEZ3380,86%
UPRNicolas MIRAY3110,79%
Lutte OuvrièreMorgane LACHIVER2160,55%
Union des PatriotesLaurent PITHON2050,52%
Parti Ouvrier Indépendant et DémocrateAlain VISSEQ840,21%
Nombre d'inscrits84 645
Nombre de votants40 412
Taux de participation47,74%
Votes blancs (en % des votes exprimés)1,78%
Votes nuls (en % des votes exprimés)0,46%

On voit que notre circonscription a participé au mouvement "dégagiste" qui s'est exprimé à l'occasion de ce cycle électoral, puisque le sortant, écologiste soutenu par le Parti Socialiste, n'est arrivé que 4ème et que le candidat de la droite classique, qui avait fait un moment figure de favori arrive 5ème.

Au second tour, seuls les deux candidats arrivés en tête ont pu se maintenir. Nous avons donc eu un second tour de la même couleur que la présidentielle: un candidat En Marche! opposé à un candidat du Front national. En l'occurrence tous les deux étaient des candidates.

Le résultat du second tour, intervenu le 18 juin 2017, les résultats ont été:

RÉSULTAT DE LA 1ÈRE CIRCONSCRIPTION DE L'HÉRAULT

TendanceCandidatVoix% Voix circonscriptionStatut
La République en marchePatricia MIRALLÈS19 87765,69%Elu
Front NationalFrance JAMET10 38134,31%
Nombre d'inscrits84 644
Nombre de votants33 993
Taux de participation40,16%
Votes blancs (en % des votes exprimés)8,49%
Votes nuls (en % des votes exprimés)2,50%


Notre nouvelle députée est donc, comme beaucoup de ses collègues, une députée macroniste, élue à l'Assemblée Nationale pour la première fois. Le site de Radio France Bleue décrit son parcours de la façon suivante:
Patricia Mirallès n'est pas une "cadre sup". Cette fille de rapatriés d'Algérie a passé sa jeunesse dans le quartier populaire du Lemasson à Montpellier. Elle suit une formation d'esthéticienne et commence à travailler à 18 ans. Elle ouvre sa première parfumerie à 21 ans .
Militante associative, elle découvre la politique avec Georges Frêche pour qui elle garde une immense admiration . Elle change de métier, se forme au secrétariat et intègre les services administratifs de la ville.
Encartée socialiste pendant 15 ans, elle quitte le PS en 2012. C'est à cette époque qu'elle rencontre un disciple de Frêche, Philippe Saurel, qu'elle a, dit-elle, "tout de suite apprécié".
Lorsqu'il part sans parti à la conquête de la ville, elle le suit et depuis, cette ancienne footballeuse du MHSC enchaîne les victoires sous les couleurs de Philippe Saurel : à la mairie, au département, à l'Assemblée nationale. Couleurs de la ville Montpellier qu'elle entend bien défendre dans l'hémicycle.

Le site de l'Assemblée Nationale donne les informations suivantes:

Elle est née le 22 Août 1967 à Montpellier (On pourra donc dans quelques jours lui souhaiter son 50 ème anniversaire). Elle était fonctionnaire de catégorie C (ce qu'on appelait autrefois commis). Elle s'est inscrite à la Commission de la Défense et des Forces Armées de l'Assemblée Nationale. Elle est assise à la place n°399 au dernier rang vers le milieu de l'hémicycle. Enfin son suppléant est Philippe SOREZ, et elle a un attaché parlementaire Fabien ABERT.

Philippe SOREZ est un élu local, élu du département de l'Hérault, et qui avait fait un binôme avec Patricia Mirallès lors des dernières élections départementales. Il est maintenant bien sûr un partisan du maire Philippe Saurel, ce qui ne manque pas de piquant car on trouve sur internet des vidéos où il vante de manière dithyrambique l'ancienne maire Hélène Mantoux, que Saurel a trahie.

Fabien ABERT est un jeune élu municipal de 27 ans, adjoint aux sports de la ville de Montpellier, et qui professe une "admiration sans bornes" pour le maire Philippe Saurel.

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Pour ce qui est de l'ensemble du département de l'Hérault, alors qu'il y avait 7 députés sortants socialistes, un écologiste soutenu par le PS, et un UMP, il y a maintenant 7 députés en Marche!, un du Front National (Emmanuelle Ménard à Béziers) et un de la France Insoumise (Muriel Ressiguier à Montpellier 2). C'est le grand chambardement naguère chanté par Guy Béart.



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On peut enfin noter que ce cycle électoral a eu une conséquence inattendue au niveau de la métropole de Montpellier: Le très macroniste président de la métropole, Philippe SAUREL y a provoqué la création d'un groupe politique de La république En Marche, et a exigé que tous les vice-présidents y adhérent faute de quoi ils seraient démis de leur délégation. Au cours d'un conseil extraordinaire de la métropole qui s'est tenu le 5 juillet 2017, sept vice-présidents récalcitrants ont été démis de leurs fonctions par la majorité dirigée par Saurel, et remplacés par des vice-présidents macronistes.


C'est en particulier le cas pour Cyril Meunier, le maire de Lattes, qui était 4 ème vice-président, chargé de la propreté et des déchets, tâche dont il s'était d'ailleurs bien acquis. Il est dorénavant remplacé par Gilbert Pastor, le maire de Castries. En effet le maire de Lattes, jaloux de son indépendance et apolitique a refusé de s'inscrire au groupe politique En marche!.

La conséquence de cet oukase de Philippe Saurel est que la seconde  (ou parfois la 3ème selon certains critères) commune de la métropole n'est plus représentée dans l'exécutif de la communauté. Espérons que cela n'aura pas de conséquences sur le traitement que réservent les services de la métropole à la ville de Lattes.

De façon générale, pour la première fois dans ce type d'intercommunalités, une politisation de l'exécutif est en train de s'installer, alors que de tout temps la gestion était basée sur la coopération entre les maires indépendamment de toute étiquette politique. Il semble que M. Saurel expérimente à la demande d'Emmanuel Macron cette évolution qui pourrait se généraliser ensuite à d'autres collectivités. La perspective est celle des prochaines municipales en 2020 où les métropoles pourraient être élues au suffrage universel, et dans ce cas des listes politiques s'affronteraient pour la diriger.