lundi 13 juin 2016

Festival de Maguelone


Dès la fin mai tous les médias régionaux annoncent les festivals qu'il ne faut pas manquer durant les beaux jours d'été. On peut citer notamment l'excellente Gazette de Montpellier, que nous achetons maintenant chaque jeudi (1,20€) pour connaître tous les spectacles de la semaine à venir, et qui a publié un numéro spécial  qui se veut LE GUIDE des festivals et expos de l'été. Le Midi Libre n'est pas en reste, qui publie un supplément gratuit de 92 pages sur les festivals de l'été.


Nous avions certes repéré dès janvier dernier, lorsque nous avons visité la cathédrale de Maguelone qu'en juin s'y déroulait un festival de musique ancienne. Mais avec toutes nos occupations d'emménagement, nous avions un peu oublié cette échéance, et c'est donc la gazette de Montpellier qui nous l'a remémoré fin mai. Il était d'autant plus urgent de réagir que nous étions le 24 mai, que le premier concert, le plus en vue, était donné le 31 mai, et qu'entre temps nous avions prévu d'aller à Paris pour la fête des mères.


Les réservations sa faisant par téléphone, j'ai donc appelé le magasin "La Boîte à Musique" de Montpellier qui était chargé des réservations.  Pas de miracle, le concert du 31 mai était complet. La tête d'affiche de ce concert était le gambiste Jordi Savall, rendu célèbre par le film "Tous les matins du monde". Jordi Savall est d'ailleurs un habitué du festival de Maguelone où il se rend chaque année, en voisin venu de Catalogne, mais contrairement à certains échos qu'on lit ici ou là, il n'en est pas le directeur artistique ni n'a aucune fonction particulière dans sa programmation. Il ne jouait pas ce soir-là de son instrument fétiche, la viole de gambe, mais d'un instrument à archet médiéval, appelé le rebec, proche de la vièle, ainsi que d'un instrument arabe à 2 cordes appelé le rebab ou aussi râbab.


Quoiqu'il en soit, n'ayant pas eu de place pour Jordi Savall, nous nous sommes reportés un peu au hasard sur un autre concert, celui du 4 juin, intitulé "Visions de Joie", et donné par l'ensemble néerlandais Capella Pratensis, dirigé par le contre-ténor canadien Stratton Bull. C'est un ensemble vocal masculin qui chante ce soir-là des polyphonies de la Renaissance, contemporaines du peintre Jérôme Bosch dont on fête en ce moment le 500 ème anniversaire de la mort.


J'ai réservé 2 places au téléphone à 40 € la place, payées en donnant un numéro de carte de crédit. Il restait alors à retirer les billets, car ici pas d'envoi à domicile ou de possibilité de les imprimer soi-même. On peut naturellement les retirer sur place le soir du concert en arrivant un peu à l'avance, mais il est rassurant d'aller les retirer directement au magasin "La Boîte à Musique", si on a la possibilité de passer à Montpellier.


Cela m'a donné l'occasion de découvrir ce petit magasin situé sur une délicieuse place de Montpellier, au 10, rue du Palais, juste derrière le Palais de Justice, sur une rue parallèle à la rue Foch, qui est un peu les Champs Elysées de Montpellier, d'ailleurs fermées aussi par un arc de triomphe. A ma grande surprise c'est un magasin dédié à la musique classique, et un peu au jazz, qui vend essentiellement des CDs de musique classique. Moi qui croyait que cela ne se trouvait plus, car même à la FNAC, le rayon classique est devenu rachitique, j'ai été agréablement surpris de trouver une telle adresse à Montpellier. Espérons qu'elle résistera encore longtemps au streaming et aux vendeurs internet comme Amazon.

J'y ai donc retiré sans difficulté les 2 places qui avaient été préparées à mon nom.


Une seconde bonne surprise a été de constater que les places sont numérotées. A Paris, les concerts dans les églises sont généralement à placement libre, sans places numérotées, ce qui crée une pression très désagréable de devoir arriver tôt pour ne pas se trouver dans les dernières places ou derrière des piliers où l'on ne voit rien. Combien de fois ai-je pesté dans les bouchons parisiens voyant que je perdais du temps et que j'arriverais donc dans une église où toutes les bonnes places seraient déjà occupées. J'ai en particulier un très mauvais souvenir d'un concert à la Madeleine.


Il nous restait cependant une dernière question de logistique à résoudre: comment se rendre à la cathédrale de Maguelone, dont je rappelle qu'elle est située au milieu de nulle part sur une étroite bande de terre entre la mer et les étangs. Nous aurions pu y aller en vélo, en environ une demi-heure depuis Lattes, mais la perspective d'y aller pour 21 heures et d'y revenir sans doute deux heures plus tard, dans le noir nous a fait abandonner cette idée.


Reste la voiture, mais alors il faudra trouver où la garer. L'accès à la cathédrale de Maguelone peut se faire de deux côtés, soit par l'Est en passant par Palavas-les-Flots, soit par l'Ouest en passant par Villeneuve-lès-Maguelone. Nous avons eu le tort d'opter cette fois pour l'accès par Villeneuve. La route d'accès y est certes très jolie et très bien fléchée. On arrive alors sur un grand parking très proche de la cathédrale. Mais entre le parking et la cathédrale il faut traverser une passerelle, appelée la passerelle du Pilou, et celle-ci était sur le point de fermer au moment où nous sommes arrivés sur le site, un peu avant 20 heures 30. Heureusement que nous avons rencontré l'agent qui était en train de la fermer, car sinon nous aurions garé notre voiture, rejoint la cathédrale par la passerelle encore ouverte, mais à l'issue du concert n'aurions pas pu la récupérer faute de passerelle, et aurions du trouver un moyen de revenir via Palavas récupérer notre voiture à Villeneuve.

A noter que le parking du Pilou à  Villeneuve est facturé 4€ forfaitairement pour la journée, ce qui semble devenir un tarif standard pour stationner dans les sites touristiques.


Nous avons alors repris la voiture pour aller jusqu'à  Palavas, puis pris l'avenue de l’évêché de Maguelone qui mène vers la cathédrale de Maguelone en longeant les plages. Arrivés au niveau d'une grande boîte de nuit (le jour c'est un restaurant et plage privée), appelée le Carré Mer, un panneau de sens interdit barre la route. Comme il y a un grand parking,  le parking du Prévost, il semble naturel de s'y garer et de continuer à pieds. Mais ce serait une erreur, car la route vers la cathédrale est encore longue d'environ 2 km. Or si en saison il y a un petit train qui fait le parcours, celui-ci s'arrête le soir. Après beaucoup d'hésitations, et suivant l'exemple de quelques voitures qui grillent le sens interdit, nous continuons aussi la route et arrivons au niveau de la plage du Pilou où nous accueille un parking dédié aux festivaliers. Il reste alors à gravir quelques centaines de mètres pour arriver jusqu'à la cathédrale.

Moralité: bien étudier le fonctionnement des parkings et des petits trains  ou navettes avant de se rendre à la cathédrale de Maguelone, sachant que c'est différent entre la saison touristique et hors saison, et aussi différent entre le jour et le soir. Et cela peut aussi dépendre des inondations ! La mairie de Villeneuve tente de résumer la situation sur son site web.

Pour ceux qui s'intéressent aux aspects pratiques, signalons que des toilettes sont disponibles sur le côté du CAT des compagnons de Maguelone.


Nos places dans la cathédrale étaient dans la rangée N, donc plutôt vers l'arrière et sous la tribune. J'avais quelques craintes pour l'acoustique, d'autant que j'ai de façon générale des réserves sur les concerts dans les églises qui, hormis pour l'orgue, sont souvent catastrophiques sur le plan acoustique si on n'est pas assis exactement au milieu et dans les rares rangées, où elle est acceptable. Ici sans être irréprochable, elle était raisonnablement bonne, et nous avons pu profiter de ce concert de polyphonies de la Renaissance, d'ailleurs entrecoupées de chants grégoriens.


On a pu apprécier la distribution gratuite du programme du festival, un épais fascicule comprenant des commentaires détaillés et savants sur chacun des spectacles. Je retiens notamment les informations suivantes: Capella Pratensis, signifie la "chapelle des prés", et c'est évidemment une allusion à Josquin des Prés, figure de cette musique des XVème et XVIème siècles, à laquelle se consacre la formation créée en 1987. Les chanteurs tiennent à donner les œuvres dans les conditions qui prévalaient à la Renaissance, c'est pourquoi ils se groupent toujours debout derrière un unique et grand pupitre sur lequel sont placées des partitions en notation musicale de l'époque, sans barre de mesure. L'ensemble composé ce soir-là de 5 chanteurs sur les 8 que compte au total la formation, comprenait deux superius, (donc sopranos), un altus, un ténor et un bassus.



L'essentiel du concert était consacré à une messe de Pierre de la Rue (1450-1518), la Missa Cum iocunditate, composée vers 1505 pour la fête de la nativité de la vierge. Et ce qui justifie la référence à Jérôme Bosch, c'est que  Jérôme Bosch, était membre de "l'illustre confrérie de Notre-Dame" dans la ville flamande de Hertogenbosch, qui a publié les compositions de Pierre de la Rue.  Il est donc probable que Jérôme Bosch avait entendu la messe de Pierre de la Rue, et que Pierre de la Rue avait vu des tableaux de Jérôme Bosch, ce qui peut provoquer des fertilisations croisées.


Je ne commenterais pas davantage la prestation de La Cappella Pratensis, et recommande la lecture du blog d'une lattoise qui raconte notamment la disponibilité et la gentillesse de Straton Bull qui est venu expliquer en fin de concert la notation musicale de cette époque.

Le concert a duré à peine plus d'une heure, avec un bis et sans entracte, mais cela reste une de nos meilleures sorties culturelles depuis six mois: entendre une musique aussi élaborée qu'ancienne, chantée par un excellent ensemble vocal, dans un lieu aussi empreint d'histoire et de mystère  que la cathédrale de Maguelone, être plongé en outre dans l'ambiance d'un festival très relevé de musique classique, est une expérience qui augure bien de notre vie culturelle à Montpellier.


Pour prolonger ces émotions, nous avons d'ailleurs acheté le disque publié le jour même, dans lequel Cappella Pratensis interprète quasiment le programme du concert de ce 4 juin. Ne vous étonnez donc pas d'entendre dans notre villa des polyphonies de la Renaissance !

mardi 7 juin 2016

La ruée des Fadas


A Lattes, l'événement populaire de ce début juin 2016 a été la "ruée des Fadas".


C'est une course de 12 km avec une cinquantaine d'obstacles à franchir, ce qui la fait ressembler davantage à un parcours du combattant qu'à un gentil footing. Et pour corser le tout, car sinon il n'y aurait pas grand chose de fada dans cette ruée, il faut la faire déguisé de la manière la plus loufoque possible. Pour ses promoteurs, c'est donc une grande course d'aventure, un peu comme si chacun avait la possibilité de vivre Koh-Lanta!


Ce samedi 4 juin se tenait la 3ème édition lattoise de cette course. J'avais compris assez vite que c'était une initiative privée et non lancée par les pouvoirs publics, même si bien sûr une telle course ne peut pas s'imaginer sans un minimum de soutien de la municipalité. D'ailleurs on voit sur leur site internet que cette organisation commerciale  reproduit le concept de la ruée des fadas, importé semble-t-il des Etats-Unis, dans différentes villes de France où le même projet tourne. Mais quand j'ai vu le tarif de l'inscription affiché à 55€ par personne, j'ai eu un doute. Qui est-ce qui pouvait bien payer 55€ pour participer à cette ruée, sachant qu'en plus il faut venir avec un certificat médical, ce qui peut occasionner des frais supplémentaires, et se payer un déguisement ?


Eh bien dès 7 h 30 du matin, c'était la grande foule dans les arènes de Lattes et sur le stade qui lui fait face. Et cela n'a pas cessé jusqu'au milieu de l'après-midi. Les participants étaient au nombre de 6.000 selon les organisateurs, et s'élançaient dans cette course par vagues de 250 tous les quarts d'heure depuis 9 h du matin. Certains participants courent avec leur chien, et on appréciera la sollicitude des organisateurs qui les font partir avec la première vague pour que nos amis canins ne souffrent pas trop de la chaleur. Quant à nos amis à 2 pattes, vous me direz qu'ils se sont inscrits pour souffrir...


Ambiance garantie par des orchestres, fanfares, podiums d'animateurs et même un zizi mécanique qu'on peut chevaucher au milieu du stade (sic). Des sponsors proposent toutes sortes de stands avec des tombolas etc...


Nous n'avons pas suivi tout le parcours de la course, mais avons donc vu le départ des arènes, l'arrivée dans le stade avec une piscine de mousse et divers obstacles à escalader et descendre par des équipes épuisées.


Nous sommes aussi allés faire un tour à Port Ariane où nous avons vu des coureurs rajouter une épreuve non prévue: ils sautaient dans l'eau du port à partir d'un petit pont, avec pour les plus acrobatiques un saut périlleux! Chapeau pour ceux qui avaient encore l'énergie de faire cela après 10 km de courses d'obstacles sous le soleil, même si leur objectif était probablement de se rafraîchir.


Au total, on peut témoigner qu'il y avait une sacrée ambiance, une motivation chez les participants et une bonne humeur générale, comme on peut le voir sur les images du Midi Libre


Dans une interview à Midi Libre Jeff Collet, l'un des organisateurs, explique que la course se fait essentiellement par équipes, en moyenne de 5 personnes, soit des équipes familiales, soit des collègues de travail ou d'associations, d'où la bonne ambiance. Seuls les participants dits "Elite" de la première vague sont chronométrés, les autres n'ont pas pour objectif d'autre performance que de finir le parcours ensemble avec toute l'équipe. Toutes les équipes  reçoivent d'ailleurs le même prix. C'est donc plus une manifestation de défoulement collectif qu'une vraie épreuve sportive, et sur ce plan là cela semble plutôt réussi.


La seule ombre au tableau reste donc cet aspect commercial. Certes nous avons appris que le tarif de 55€ ne s’applique qu'aux inscriptions tardives (celles du mois de mai) et que si on s'inscrit suffisamment à l'avance on ne paie que 30€. On peut aussi comprendre que monter 50 obstacles et accueillir 6.000 participants représente un budget conséquent, d'environ 120.000 € selon Jeff Collet. Mais à Paris ou Puteaux, ou même pour la course Montpellier Reine, les courses populaires étaient le plus souvent organisées au profit d’œuvres caritatives, et même dans ce cas l'inscription dépassait rarement 10€.

C'est peut-être pour aller au-devant de ce scrupule, que l'organisateur interviewé explique qu'une partie des bénéfices sera reversée à l'association Action de Lattes, qui gère localement une banque alimentaire, mais sans annoncer quelle partie !


Quant à la ruée des Fadas de 2017 à Lattes, sa date n'est pas encore  fixée, mais les inscriptions sont déjà ouvertes sur internet, et le tarif sera encore 10% plus cher! : 34 € minimum si on s'inscrit avant la fin 2016, et ensuite un tarif croissant jusqu'à 60€ si on s'inscrit après le 1er mai 2017. Avis aux amateurs.