1) Balaruc-les-Bains: présentation du site et de la ville
2) Les Thermes: présentation de l'établissement thermal
3) La Cure: le déroulement de ma cure
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Les Thermes
Historique
L'origine du thermalisme à Balaruc-les-Bains est très ancienne. On en trouve des traces depuis l'antiquité lorsque Balaruc s'appelait Maimona. Il y avait alors de nombreuses sources sur la presqu'île, notamment une source d'eau chaude salée qui allait fonder le thermalisme. En outre un aqueduc faisait venir l'eau depuis les sources d'eau douce voisines de l'Issanka. Maimonia était proche de la Via Domitia, ce qui favorisait le passage de nombreux voyageurs, et peut-être des légionnaires romains qui s'y refaisaient une santé en profitant des eaux sur place. Des fouilles archéologiques ont notamment mis à jour des thermes antiques et des temples dédiés à Neptune et à Mars.
A la Renaissance, la faculté de médecine de Montpellier prend une grande importance, et s'intéresse aux eaux de Balaruc toutes proches, qui n'étaient plus, depuis la fin du Moyen-âge, qu'un vague ruisseau d'eau chaude, pratique pour faire les lessives. Le doyen de la faculté de médecine de Montpellier, Nicolas Dorteman, publie en 1579 un traité "Des causes et des effets des Thermes de Balaruc". Le thermalisme à Balaruc devient un traitement médical recherché. On en trouve un témoignage dans le Pantagruel de Rabelais (qui a été étudiant en médecine à Montpellier) qui cite Balaruc parmi les six sources d'eau chaude connues à l'époque. Nostradamus, condisciple de Rabelais, aurait aussi pris les eaux à Balaruc.
Le blog de Régis Ayats consacré à l'histoire de Balaruc-les-Bains fourmille de détails passionnants. On peut s'étonner aujourd'hui de la façon dont les eaux de Balaruc servaient à presque tout, et étaient réputées avoir guéri toutes sortes de maladies ou de blessures. « Les eaux de Balaruc conviennent dans tous les amas et embarras, où les humeurs, et les vaisseaux n’ont plus leur première activité…Ces amas et embarras avec langueur forment un grand nombre de maladies des oreilles, du nez, du cerveau, de la poitrine, des viscères particulières et de toutes les parties externes ». Mme de Sévigné cite son gendre, goutteux de la tête aux pieds, qui aurait été guéri en 3 jours à Balaruc. Louis XV aurait été guéri d'une blessure au poignet par son médecin Pierre Chirac qui a fait venir des eaux depuis Balaruc jusqu'à Paris. Le violoniste Paganini qui souffrait de douleurs aux phalanges récupéra sa virtuosité après une cure à Balaruc.
Le seul échec relevé par les chroniques historiques est celui de Joseph-Michel de Montgolfier (l'un des frères inventeurs des montgolfières) mort à Balaruc pendant sa cure: « Il avait toujours été d’une santé forte et inaltérable jusqu’en 1809, lorsqu’il fut frappé d’une apoplexie sanguine et d’une hémiplégie …il voulut éprouver les eaux de Balaruc, il s’y rendait plein d’espoir…Mais dès le troisième jour après son arrivée, une nouvelle attaque l’enleva à sa famille et aux sciences. ».
Dans le revue d'histoire de la pharmacie (année 1965, volume 53, numéro 186) on trouve aussi un savoureux article historique intitulé: "Les Eaux merveilleuses de Balaruc".
Les thermes contemporains
Au XXème siècle, un établissement thermal se structure sous l'égide de la municipalité et s'inscrit dans le développement du thermalisme populaire, favorisé par la création de la sécurité sociale et le remboursement des cures thermales à partir de 1947. Les établissements Athéna et Les Hespérides ouvrent respectivement en 1969 et 1987. Les bâtiments correspondants étaient les témoins d'une architecture typique du thermalisme du XXème siècle. Hélas ils sont promis à la destruction par la mairie actuelle.
En 2012, la municipalité créée une société d'économie mixte, la Société Publique Locale d'Exploitation des Thermes de Balaruc-les-Bains (SPLETH), détenue à 85 % par la ville, à 14 % par l'agglomération de l'étang de Thau, et 1% par le département de l'Hérault. Sans surprise, elle est présidée par le maire de Balaruc-les-Bains, Gérard Canovas, dont la suite montrera qu'il la dirige d'une poigne de fer.
La SPLETH met en chantier un tout nouvel établissement thermal d'une capacité d'accueil de plus de 50.000 curistes par an, qui sera inauguré en mars 2015. Conçu par les agences d'architecture DHA (Lyon) et AMG (Montpellier), le bâtiment est situé au bord de l'étang de Thau, et se veut posé là comme un grand vaisseau blanc. Les deux anciens centres, Athéna et Hespérides, ont été fermés à l'ouverture de ce nouveau centre.
L'ouverture en mars 2015 du nouveau centre, lequel ne porte pas encore de nom, marque aussi la consécration de Balaruc-les-Bains comme le 1er établissement thermal de France. Il ravit cette première place à Dax qui figurait jusque là en-tête, mais qui avait été dépassé en 2014 par les 46.000 curistes accueillis dans la station héraultaise.
Pour pouvoir accueillir de plus en plus de curistes, le nouvel établissement a fait appel à des innovations technologiques nombreuses. On en citera quelques-unes dans le prochain article de ce blog consacré au déroulement de la cure. Mais en 2015, le rodage de ces nouvelles technologies semble difficile, un certain nombre de curistes s'en plaignent au maire et sur les réseaux sociaux, et la fréquentation de l'établissement, certes toujours forte, augmente moins qu'espéré.
L'établissement traverse alors une crise, le maire commande des audits, et finit en octobre 2015 par licencier brutalement une partie de l'équipe de direction, dont le directeur Jacques Burille, un ancien kiné. Il nomme à sa place le directeur technique de la SPLETH, Sylvain Bonnet, un ingénieur diplômé de l'Institut Français de Mécanique Avancée de Clermont-Ferrand.
Depuis cette date, la fréquentation des thermes de Balaruc ne s'est que légèrement renforcée en 2016 pour atteindre 52.722 curiste en 2016, soit une croissance de 1,7% par rapport à 2015 qui n'avait finalement pas été une si mauvaise année.
L'eau thermale
Sur un plan médical aujourd'hui les thermes de Balaruc sont reconnus pour traiter deux orientations: la rhumatologie et la phlébologie. Certains curistes font d'ailleurs les deux orientations en même temps avec 6 soins par jour au lieu de 4 pour la cure simple.
La ressource thermale est toujours une eau chaude et minéralisée provenant des bassins aquifères locaux. On trouve sur internet plusieurs rapports récents du BRGM concernant la ressource en eau thermale de Balaruc-les-Bains. Au fil du temps de nombreux forages ont été réalisés pour alimenter les centres de cure. L'une des études du BRGM a examiné en détail la ressource en eau thermale à Balaruc-les-Bains, pour en évaluer la pérennité et la protection, sachant notamment que cette nappe aquifère est parfois envahie par les eaux saumâtres de l'étang lors de phénomènes appelés inversac, où les courants de la rivière La Vise venues de l'étang de Thau remontent dans la nappe karstique de la presqu'île de Balaruc-les-Bains.
Dans ce rapport on peut lire que 9 forages sont actifs, et bien sûr très surveillés. Ils descendent entre 55 et 407 m de profondeur. La plupart de ces forages ne sont destinés qu'à la surveillance de la nappe ou sont bouchés, les thermes n'ayant plus été alimentés que par trois forages: F8, F9 et F14 depuis quelques années. Ceux-ci sont de plus en plus éloignés des sources historiques, (quelques centaines de mètres de la source dite Romaine) mais puisent toujours dans le bassin "Aumelas Vène Issanka Cauvy" qui alimente le système karstique de Balaruc-les-Bains. Ils font remonter des eaux dont la température est entre 32 et 51 °C.
Le pompage total autorisé était en 2011 de 60 mètres cubes par heure, alors que les besoins dépassent 55 mètres cubes par heure. Cela montre qu'une limite peut être rapidement atteinte, risquant de compromettre la pérennité de la ressource en eau thermale si la croissance des thermes continue.
La minéralisation est forte surtout en sodium (3000 à 4000 mg/l), calcium (500 à 600 mg/l), magnésium (300 à 400 mg/l) et potassium (100 à 130 mg/l).
Ces eaux prélevées et conservées dans des conditions de température appropriées servent donc à alimenter les piscines, bassins, baignoire et douches utilisées pour la cure thermale. Des contrôles sanitaires réguliers sont faits par prélèvement dans les différents bassins servant aux curistes, notamment pour surveiller la présence éventuelle de germes. Certes l'odeur de chlore qui flotte dans les piscines ne laisse aucun doute sur le fait que les germes sont combattus énergiquement dans l'établissement. En février 2017, le dernier contrôle qui était affiché à l'entrée de la principale piscine datait du dernier trimestre 2016: en termes de germes, le résultat était pratiquement toujours à 0, ou alors très inférieur aux normes en vigueur pour les établissements thermaux. J'ai pu observer d'ailleurs mi-février une nouvelle campagne de prélèvements. Cela donne l'impression d'un contrôle sanitaire tous les trimestres.
La boue
Outre l'eau thermale, l'autre grand ingrédient qui a fait le succès des cures de Balaruc est la boue. J'ai plusieurs fois interrogé les agents de soin qui m'appliquaient de la boue sur la provenance de celle-ci. Aucun n'a été capable de me répondre, sauf l'un qui m'a dit qu'il pensait que la boue venait de l'Ardèche !?
En fait les boues sont prélevées dans l'étang de Thau, à plusieurs centaines de mètres de l'établissement, séchées puis retraitées avec l'eau thermale pour ensuite être appliquées chaudes sur les articulations des curistes.
Là aussi on trouve des rapports universitaires qui analysent plus précisément la fabrication des boues à Balaruc-les-Bains, et l'on découvre qu'outre les sédiments de l'étang et l'eau thermale, ces boues contiennent des algues et autres micro-organismes qui sont censés contribuer à l'effet thérapeutique.:
Certains produits tels que les péloïdes (Balaruc-les-Bains), péloses et fangoïdes font intervenir des processus biologiques de “maturation”. Classiquement, la boue thermale est ici préparée à partir de sédiments limono-argileux prélevés en milieu lagunaire. Ce sédiment séché au soleil est tamisé pour éliminer les éléments grossiers et obtenir un produit homogène. Ce produit est ensuite imprégné d’eau minérale de Balaruc. Le contact entre ces deux éléments, sédiment et eau, va conduire en quelques jours à la substitution de l’eau interstitielle initiale du sédiment par l’eau minérale et donc à des échanges ioniques. L’eau, la chaleur, les éléments minéraux et organiques définissent un milieu dans lequel vont se développer des bactéries adaptées à de telles conditions. Cette flore sélectionnée, associée aux caractéristiques physico-chimiques du produit va secondairement permettre le développement d’algues unicellulaires spécifiques. Par ailleurs, les conditions de prélèvement : site et période peuvent influer sur la nature de cette phase biotique. La phase biotique fait ainsi intervenir des algues, des diatomées, des Cyanophycées et de nombreuses espèces microbiennes en équilibre fragile. Ce pool de matière organique néoformée est responsable de certains effets thérapeutiques revendiqués. C’est le produit transformé qui est appelé péloïde.
Aux nouveaux thermes de Balaruc, ces boues sont appliquées dans des "lits de boue" sous forme de jets chauds continus. La société Siemens a conçu le dispositif permettant de préparer les boues en leur donnant la viscosité et la chaleur requise pour être diffusées dans ces systèmes innovants, tout en garantissant une antisepsie rigoureuse.
Impact économique
Sur un plan économique, les thermes de Balaruc-les-Bains ont évidemment un impact régional très important. Selon la mairie, chaque curiste dépense jusqu'à 1.800 € (frais de cure compris) pendant ses 3 semaines de cure. Le chiffre d'affaires direct lié au thermalisme serait de 70 M € par an, dont 16 M€ pour l'hébergement et 13 M€ pour les restaurants ou commerces alimentaires. Les thermes ont créé environ 400 emplois directs, et font naturellement vivre par leurs retombées beaucoup d'autres activités. Les recettes fiscales générées sont de 2,6 M€ par an pour la commune et l'agglomération.
Une plaquette de la Chambre de commerce de Sète-Frontignan-Mèze développe les impacts positifs pour l'économie de toute l'agglomération, grâce à une enquête auprès des curistes. On peut y remarquer cependant que les dépenses culturelles restent très faibles, et que l'hébergement, la restauration ou les achats de vêtements, accessoires et souvenirs prédominent.
Lorsqu'on interroge les curistes sur ce qu'il faut améliorer à Balaruc-les-Bains, la demande très largement prioritaire porte sur le stationnement. En effet, devant l'établissement thermal le parking accessible aux curistes ne contient qu'un petit nombre places, classées dans une zone blanche qui limite la durée du stationnement à 3 heures. Le disque y est obligatoire, sous peine d'une amende de 17 €. Le parking est complet presque toute la journée, même au mois de février qui est pourtant la plus basse saison. Il faut donc souvent laisser sa voiture quelques centaines de mètres plus loin, ce qui peut évidemment devenir problématique pour certains curistes âgés souffrant d'arthrose,
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