jeudi 31 mars 2016

Barbecue


Dans notre jardin se trouve un barbecue maçonné. Visiblement il n'avait pas servi depuis longtemps à tel point que le lierre avait poussé dessus, et risquait de s'enflammer si on allumait le feu dans son foyer. En décembre nous avons fait tailler assez sévèrement le lierre, si bien que le barbecue a pris un aspect plus utilisable et que nous avons pris la décision de le tester avant la visite prochaine d'une tribu de jeunes qui compte bien faire un "barbeuk" pour fêter l'anniversaire d'une de mes filles.


La première étape a été de rechercher les ingrédients à l'hypermarché Carrefour de Boirargues.



Nous avons d'abord acheté une grille double et à pieds qui semblait appropriée à notre barbecue en dur.

Pour fabriquer des braises nous avons pris des briquettes de charbon de bois.


Pour allumer le charbon de bois, des cubes inflammables.


Pour allumer les cubes, des allumettes très longues.

Pour manipuler les saucisses et autres victuailles, un lot d'ustensiles.

Enfin, pour nettoyer la grille après usage une brosse spéciale.

Équipé de gants et d'uns casquette (à cause des grosses branches de lierre où la tête peut se cogner), avec un arrosoir rempli d'eau à proximité, j'ai donc commencé l'allumage.


Au bout de 10 mn, les cubes inflammables s'étaient consumés, mais les briquettes de charbon n'étaient toujours pas très rouges. C'est que j'avais fait une erreur de casting: les briquettes mettent en effet 20 mn à s'allumer, alors que les cubes ne brûlent que 10 mn ! La solution a été de remettre une 2 ème série de cubes, et là au bout de 10 nouvelles minutes, de belles braises rouges s'étaient établies.



Griller 2 merguez et 2 chipolatas a été un jeu d'enfant, et nous avons pu déguster nos premières saucisses cuites sur notre propre barbecue du jardin. C'était un succès, même si l'extrémité des chipolatas aurait pu cuire un peu plus longtemps.



Nous voilà prêts à accueillir les amis de notre fille. Et s'il vient des végétariens nous n'oublierons pas de griller aussi des poivrons et des patates...

samedi 26 mars 2016

Corum


Nous sommes allés hier assister à un concert donné dans le palais des Congrès de Montpellier, appelé le Corum. C'est l'occasion de découvrir ce bâtiment grandiose situé au bout de l'esplanade principale de la ville, ainsi que l'Opéra Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon (c'est son titre officiel, en attendant peut-être une évolution suite à la fusion des régions).



Tout commence par la billetterie. Je l'ai trouvée sur internet et j'ai pu réserver il y a déjà quelques semaines deux places pour le concert de ce vendredi saint, appelé "Joyaux Russes", comportant le 2ème concerto pour piano de Rachmaninov et la 5ème symphonie de Tchaïkovski. Il ne restait cependant plus beaucoup de places, aussi avons-nous pris des billets de catégorie 2, à 28€ chaque, placés au 2ème rang à droite. Bonjour les contrebasses! Il y a une particularité troublante quand on réserve le billet sur internet, c'est que l'on bascule sur un site qui s'intitule 3emeacte.com et à qui on doit donner ses coordonnées bancaires. On n'est pas très sûr d'être sur le bon site ou de ne pas se faire pirater. Mais je peux témoigner que cela marche. Par contre, impossible d'imprimer soi-même les billets ou se les faire envoyer par la poste. Il faut les retirer place de la Comédie à la billetterie de l'opéra, ou alors sur place au Corum une heure avant le spectacle. J'ai donc profité d'un passage en ville pour les retirer mercredi dernier, après une première tentative lundi où bien entendu le guichet était fermé.

Le jour du concert, je reçois un e-mail:
Bonjour,Le concert de ce soir pour lequel vous avez acheté des places est complet, pensez à prendre vos précautions concernant le parking et le temps d’entrée dans la salle.Le concert à (sic) lieu au Corum à 20h, si vous n’avez pas déjà retiré vos places un accueil situé au niveau 0 du Corum sera présent dès 19h.Nous vous souhaitons un bon concert, ne soyez pas en retard car nous ne pourrons vous replacez. (re-sic)
Musicalement,Fabienne Roche
Responsable de la billetterie
Conditions de sécurité :Dans le cadre de l'état d'urgence déclaré sur le territoire national, l'Opéra Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon a mis en place des mesures de vigilance renforcées :- un contrôle systématique des personnes et des sacs à l'entrée des salles de spectacles sera effectué pendant cette périodeUne directive du Ministère de la Culture et de la Communication nous informe que le plan Vigipirate est renforcé. Dans ce cadre nous nous devons de vous prévenir que toute personne se présentant avec des bagages ou sacs de grande contenance se verra interdire l'entrée des salles de spectacles.Merci infiniment de votre compréhension.La DirectionOpéra Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon


Le soir du concert, il faut donc se rendre au Corum depuis Lattes. Pour ne pas avoir de problème de parking au Corum, nous y allons en tram. Mais comme les tram pour Lattes-Centre sont rares en fin de soirée (un seul par heure), nous décidons d'expérimenter le système Parking+Tram pour rejoindre une station où les trams sont plus fréquents, et qui en outre arrivent directement au Corum contrairement à la ligne 3 qui aurait nécessité un changement. Nous nous rendons donc en voiture à la station Sabines sur le tram 2, située à environ 5 km de notre maison à Lattes. Nous y garons la voiture et prenons un billet combiné parking+tram aller-retour valable pour tous les occupants de la voiture. Grâce à la carte Pass-Métropole il ne coûte que 3,60€, ce qui est moins cher que 2 aller-retours sans stationnement. Nous arrivons ensuite en 18 mn au Corum. Je réalise après coup qu'il y avait sans doute encore plus rapide en utilisant le parking du tram 4 à la station Garcia Lorca, qui est plus proche de Lattes et qui aurait rejoint le Corum en 15 mn de tram. On essaiera la prochaine fois.


Nous découvrons alors ce magnifique paquebot qu'est le Palais des Congrès de Montpellier, donc appelé le Corum. C'est un très grand bâtiment recouvert à l'intérieur comme à l'extérieur de marbre rose, qui a été conçu par l'architecte Claude Vasconi sous l'impulsion de Georges Frèche, et mis en service en 1988. Claude Vasconi est un architecte d'origine alsacienne, et je me demande s'il n'a pas un peu voulu rappeler le grès rose des Vosges en construisant le Corum ! Le bâtiment répond à plusieurs fonctions: il comprend d'abord une grande salle de 2.000 places qui est nommée l'opéra Berlioz, et où se produira le concert. Il y a aussi deux salles de congrès de 800 et 300 places, des surfaces d'exposition de 4.000 m², toutes sortes de fonctions support (restauration, administration) et 3 niveaux de parking en sous-sol.


Notre impression générale à l'entrée, comme à l'entracte et à la sortie, est celle d'un bâtiment monumental, très clair et aéré, très fonctionnel et fluide. On y bénéficie de grands escaliers et escalators,  de grands halls pour se promener, des toilettes nombreuses, des bars où la coupe de champagne se paie 6€, ce qui est au moins deux fois moins cher qu'à l'opéra de Paris. Naturellement on trouve sur internet la trace des polémiques qui ont marqué le coût de la construction. Si aujourd'hui cet équipement peut fonctionner sans être un gouffre financier, ce que je n'ai pas vérifié, alors on ne peut que saluer le génie aménageur des responsables municipaux de l'époque, en opposant aux critiques l'adage "Payer cher ne fait mal qu'une fois, alors qu'avoir un magnifique palais des congrès fait un bien durable". Et je suppose qu'il a finalement coûté beaucoup moins cher que la nouvelle Philharmonie de Paris, où tout est gris et sinistre, et les circulations particulièrement mal fichues.


L'opéra-orchestre national de Montpellier est la principale formation orchestrale dans la région. Il comprend 93 instrumentistes et 31 choristes. Sa directrice générale est depuis 2014 Valérie Chevalier,  une cantatrice convertie au management culturel. Et depuis septembre 2015, son chef principal est Michael Schønwandt, un chef danois qui a déjà eu l'occasion de diriger les plus grands orchestres symphoniques du monde. Il est né en 1953, et a la particularité amusante de ressembler beaucoup au maire de Montpellier.

Nous avons découvert cette formation musicale dans des conditions un peu spéciales puisque assis au 2ème rang à droite nous avions sous les yeux et devant les oreilles surtout les contrebasses et les violoncelles. Nous avons cependant pu remarquer le cor qui a été très sollicité dans cette musique russe et s'est bien mis en valeur.


Nous avons aussi noté le dynamisme communicatif de la première violon Dorota Anderszewska qui a dans cet orchestre le titre de violon-solo super-soliste. Selon des articles de presse datant de 2013, dans l'Agglorieuse et le Midi libre, elle est tellement fougueuse et déterminée qu'elle aurait conduit une fronde contre l'ancien chef Jean-Paul Scarpitta. En tous cas on a pu noter que le chef actuel la ménageait beaucoup en la saluant et la remerciant à tous bouts de champ.


L'orchestre semble globalement très cohérent et bien conduit par Michael Schønwandt avec une battue assez mesurée, et une clarté de mouvements quand il souligne certains phrasés.


Disons aussi un mot du soliste qui a joué la difficile partie de piano du 2ème concerto de Rachmaninov. Il s'agit d'Alexander Gavrylyuk, un pianiste né en 1984 d'origine ukrainienne et qui est maintenant australien. Il a donné une version très romantique et passionnée de ce concerto, avec beaucoup d'expressions du visage. Il a été bissé deux fois, ce qui nous a permis de découvrir la marche nuptiale de Mendelssohn transposée au piano par Liszt et adaptée par Horowitz qu'on peut revoir sur Youtube ci-dessous, ainsi qu'une version délicieuse des Scènes d'enfant de Schumann.



Au total, cela nous rassure sur la vie culturelle de Montpellier, mais nous n'étions pas très inquiets: On peut y voir des artistes de très haut niveau et des spectacles de grande qualité, dans des conditions finalement plus simples et plus économiques qu'à Paris.

dimanche 13 mars 2016

Théâtre

La ville de Lattes dispose d'un théâtre municipal, le théâtre Jacques Coeur.


Il est situé au Nord de la ville, entre Port Ariane et le Lez, dans le Mas d'Encivade,  un grand bâtiment qui était un ancien chai. Le bâtiment comprend aussi dans une aile l'Ecole de Musique gérée par l'association Lattes Loisirs Culture, et se trouve juste à côté du boulodrome municipal appelé "Parc Frédéric Biquet".



Il est entouré d'un grand nombre de places de parking, gratuit comme dans tout Lattes, et même pas situées en zone bleue, comme dans l'hyper-centre. Nous n'en avons pas fait usage pour l'instant, car quand nous allons dans ce secteur c'est soit à pied pour la promenade, soit même comme jeudi dernier à vélo pour aller au spectacle.  Une piste cyclable passe d'ailleurs devant le théâtre, mais elle ne nous aide pas beaucoup. Pour y aller de chez nous, nous prenons des pistes un peu sauvages à travers la place Jacques d'Aragon et l'avenue des Rois de Majorque. Il faut faire attention à certains passages de trottoirs, principalement quand on passe au rond point de l'obélisque (croisement de la route de Perols et de la route de Montpellier) qui est assez casse-cou pour les bicyclettes.


Toujours est-il que ces expériences montrent qu'on peut être en  moins de 15 mn à pied au théâtre, et quand on veut aller vite on s'y rend en vélo  en à peine 5 minutes!


Le théâtre comprend une belle salle d'environ 20 rangées de 20 sièges chacune, soit 400 places, disposés sur des gradins en pente assez prononcée, ce qui assure une bonne visibilité même quand on a un grand spectateur chevelu devant soi. La scène est assez spacieuse pour permettre toutes sortes de spectacles. Le site zommez.fr présente plusieurs vues panoramiques du lieu que l'on peut agrandir en plein écran.


Une heure avant le spectacle, la salle ouvre et on peut alors entrer dans le foyer pour accéder à la billetterie de dernière minute, si, comme nous, on n'avait pas réservé à l'avance. Selon les spectacles, il est cependant recommandé de réserver à l'avance - car les plus intéressants sont vite complets. On peut réserver soit par téléphone ou par mail,  soit en se rendant sur place, sachant que la billetterie ouvre les après-midi seulement, et seulement du mardi au vendredi. La réservation directe avec paiement sur Internet est un concept qui ne semble pas encore être arrivé jusqu'à Lattes.


Dans le foyer, on peut aussi se restaurer avant le spectacle, par des plats cuisinés ou des tapas. C'est ce qui s'appelle "La Guingette". Les tarifs m'ont semblé raisonnables, mais jeudi dernier nous sommes arrivés au dernier moment sans savoir qu'il y avait cette possibilité. On testera donc une autre fois.


On trouve quelques éléments d'histoire récente de ce théâtre sur Internet, notamment sur le site Les Trois coups.com, consacré au spectacle vivant. On y apprend qu'en 2006 le théâtre devait fermer ses portes, faute de soutien financier. Le maire de Lattes, Cyril Meunier, conscient de l'importance de la culture dans une ville, et qui semble avoir fait lui-même du théâtre dans sa jeunesse, a relancé l'institution et le bâtiment en y engageant les finances de la Ville. Même si le budget est subventionné par La Région, le Département, l'Agglomération et l'Etat, cela représente une dépense importante pour une petite commune comme Lattes. En 2009, c'était 350.000 € pour 17.000 habitants, soit plus de 20 € par habitant.


Le programme du théâtre pour la saison 2015/2016 comprend une préface de M. Jacques Battivelli, l'adjoint à la Culture de Lattes, qui situe tout de suite le problème: "Malgré les recettes communales en nettes diminutions et les économies nécessaires, la direction du Théâtre poursuit son projet de qualité en matière de spectacle vivant". Là aussi le mot d'ordre semble être qu'il faut faire Plus avec Moins...


La directrice du théâtre est depuis 2008 Frédérique Muzzolini . Son projet, salué dans le guide Le Petit Futé,  est d'offrir une programmation équilibrée, mêlant des spectacles et des artistes réputés, avec des spectacles plus régionaux. Elle veut aussi ouvrir le théâtre à toutes sortes d'animations, invitant le public à assister aux coulisses de la création, ou organisant des ateliers pour les jeunes autour du théâtre. Le théâtre organise des rencontres littéraires autour des auteurs des pièces ou avec leur metteur en scène. Il y a aussi des ateliers d'écriture dramatique. Il nous faudra un certain temps pour cerner toutes ces possibilités et voir lesquelles sont intéressantes pour nous.


Et naturellement, le théâtre sert aussi de salle polyvalente pour la mairie. C'est par exemple là que le maire organise l'accueil des nouveaux arrivants dans le ville, prévu le 9 avril prochain.


La saison 2015/2016 traduit donc cet équilibre programmatique  entre spectacles nationaux ( comme "La Vénus à la fourrure", lauréat de Molières en 2015 ) et spectacles régionaux. Les auteurs sont aussi divers, entre de grands classiques comme Shakespeare, Molière ou Tchekhov et des créations contemporaines, par exemple sur des poésies de Michel Houellebecq.


Notre premier spectacle a été  le 10 mars d'aller voir "La Cerisaie" de Tchekhov mis en scène par Gérard Bouillon. Une très belle mise en scène, agrémentée de beaucoup d'inventivité (tours de magie, chansons, musique...), très bien jouée par de bons acteurs, et qui traduit tellement bien l'ambiance fin d'époque de cette pièce, qu'elle en a distillé un peu l'ennui chez les spectateurs. C'est la pièce elle-même qui le veut et en aucun cas la mise en scène qui cherchait plutôt à y résister. Grâce à notre carte Pass Agglo, nous avons bénéficié d'un tarif réduit, dit Tarif 1, qui a mis le billet d'entrée à 27 € contre 32 € au tarif plein.


Pour finir, disons un mot de ce Jacques Coeur, qui a donné son nom au théâtre, mais par exemple aussi à un bassin  dans le quartier Port Marianne de Montpellier. C'était essentiellement un marchand,  né à Bourges, qui a vécu dans la première moitié du XVème siècle, et qui a à l'époque amassé une fortune considérable. Charles VII l'a nommé Grand Argentier du Royaume de France. Pour développer ses affaires, il devient entre autres armateur et établit un important commerce en Méditerranée, notamment avec les pays musulmans pour lesquels il a un monopole. Ses relations avec Montpellier viennent de là, puisque'il y crée un comptoir qui deviendra le centre de ses affaires, et utilise le port de Lattes. Pendant tout le XVème siècle Montpellier (et donc Lattes) connaissent un grand essor économique grâce à l'activité de Jacques Coeur. Il finira cependant en disgrâce, torturé et condamné par Charles VII qu'il avait pourtant  bien servi. A l'époque, les royaumes ne s’embarrassaient pas de rembourser leurs dettes aux banquiers, mais trouvaient un prétexte pour leur confisquer leurs biens.

Jacques Cœur figurait sur d'anciens billets de 50 francs de la Banque de France émis entre 1940 et 1945.



Revenant au théâtre qui porte son nom, nous guetterons en juin prochain la sortie du programme de la saison 20106/2017 et l'ouverture des réservations soit pour certains spectacles, soit pour des abonnements. Si les formules n'évoluent pas, on aura le choix entre:
  •  le forfait saison (cette année à 246 €) qui comprend l'entrée à tous les spectacles. Il semble rentable seulement si on veut assister au moins à une dizaine de spectacles.
  • l'abonnement qui donne accès au tarif 2 (par exemple 22€ la place au lieu du plein tarif 32 € ) sous réserve de commander au moins 4 places.
  • le Pass Imprudence (pourquoi ce nom?) qui comprend 7 spectacles (parmi ceux qui sont les moins chers) pour 65 €.

vendredi 11 mars 2016

Saint Guilhem le Désert


A moins de 50 km de Montpellier, soit environ 45 mn de voiture depuis Lattes nous avons visité le village médiéval de Saint Guilhem-le-Désert.


C'est un lieu chargé d'histoire, puisque Guilhem (forme occitane de Guillaume) était le petit-fils de Charles Martel et l'un des grands vassaux et amis de Charlemagne. A la mort de sa femme, il se fit moine, et fonda dans ce lieu très reculé des Cévennes occidentales, le val de Gellone, un monastère, une abbatiale et donc un village. Comme Charlemagne lui avait donné une relique de la vraie croix, qui est toujours conservée dans l'abbatiale et portée en procession le premier dimanche de mai, ce lieu devint vite un haut lieu de pèlerinage, et une étape importante sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Il ne faut donc pas confondre le "Désert" très catholique de Saint Guilhem, avec le "Désert" des camisards huguenots, du côté oriental des Cévennes, que l'on trouve encore dans le Musée du désert au mas Soubeyran. On peut noter que Guilhem, élevé avec les fils de Pépin le Bref, était alors surnommé "le petit marquis au nez court".


Même au mois de mars où les visiteurs sont assez rares  et où plusieurs lieux comme le musée de l'abbatiale restent fermés en semaine - ils n'ouvrent tous les jours qu'entre avril et octobre inclus -, il faut se garer dans un parking payant relativement cher. Nous avons payé 6,20 € pour un peu moins de 4 heures. On y trouve des toilettes. En haute saison, il semble préférable de se garer près du Pont du Diable où on peut prendre une navette vers le village.


Sur la place de la Liberté, devant le portail de l'abbatiale, on peut manger sous un magnifique et imposant platane planté en 1855. Nous avons déjeuné très correctement au Logis des Pénitents à un tarif qui ne renie certes pas le caractère de haut lieu touristique du site. Il faut dire que le site de Saint Guilhem, avec quelques villages voisins, est classé Grand Site de France.


L'attraction principale reste l'Eglise abbatiale, avec ses reliques, sa crypte et son cloître.


Pour les connaisseurs, il faut aussi signaler le remarquable orgue historique, construit sous l'ancien régime et inauguré en 1789 par Jean-Pierre Cavaillé, qualifié de merveille organistique de l’Hérault. Jean-Pierre Cavaillé était le grand-père de l'illustrissime Aristide Cavaillé-Coll, et le premier facteur d'orgue de cette dynastie montpelliéraine. Son buffet orné d'anges musiciens est magnifique. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'en entendre jouer, mais je sais qu'on y donne des concerts de qualité.


La promenade dans les rues du village est très intéressante et agréable. Les ruelles et les maisons sont généralement très bien ravalées en pierre blanche; de petites boutiques d'artisanat agrémentent ces ruelles ou l'on passe souvent sous des arceaux, des porches ou de petits escaliers.


On peut encore y voir un élément traditionnel accroché sur certaines portes: la cardabelle. C'est un chardon aux feuilles piquantes mais au cœur comestible comme un fond d’artichaut, et qui semble avoir toutes sortes de vertus légendaires.


On peut aussi y goûter les vues sur le ruisseau Verdus qui traverse le village, mais qui a laissé le souvenir des ravages causés par sa grande crue de 1907.


Au fond du village partent des chemins de randonnée vers la montagne, qu'il faudra tester lors d'une prochaine visite.


Le château du Géant qui surplombe le village ne se visite plus à cause des problèmes de sécurité dans ses ruines, mais la légende est jolie: c'est un géant qui terrorisait le village et qui avait pour compagne une pie. Saint Guilhem l'aurait combattu avec son épée légendaire "Joyeuse" et  fait fuir la pie, ce qui explique que plus aucune pie ne peuple la vallée de Gellone.



Il ne faut pas non plus rater le Musée d'Antan, tenu par un Santonnier, M. Jacques Prouget et sa femme. C'est un artisan exceptionnel qui fabrique des santons de Provence dans le Languedoc ! Jean-Pierre Pernaut qui a fait un reportage sur lui au journal de TF1 l'a traité de complètement fada, ce qu'il nous raconte comme une distinction dont il est fier. Il nous a confié qu'il avait habité à Lattes avant que le maire de Saint Guilhem-le-Désert, village de 250 habitants, lui confie la mission de tenir un musée sur les métiers et traditions du village.


Dans une maison ancienne authentique, sur au moins 3 niveaux y compris de belles caves voûtées, son musée présente  les instruments de métiers pas si vieux que cela car encore exercés il y a quelques dizaines d'années à Saint Guilhem, et basés essentiellement sur le travail du bois. Il est notamment très surprenant de voir comment on fabriquait des boules de pétanque lyonnaise en bois, qui étaient ensuite cloutées. Les divers outils sont mis en scène avec des santons grandeur nature.


Le musée présente aussi la production de santons "de Provence" des époux Prouget, de tailles classiques, mais souvent revisités par le santonnier qui sait leur donner une nouvelle dynamique: par exemple une vierge Marie qui n'est plus à genoux devant le petit Jésus, mais qui l'enveloppe d'un geste maternel.


En repartant de Saint-Guilhem vers Aniane, nous n'avons pas visité la Grotte de Clamouse, pourtant réputée pour ses cristallisations blanches. En revanche nous avons fait un arrêt au pont du Diable qui permet d'aller d'Aniane et son abbaye bénédictine à l'abbaye de Gellone à Saint Guilhem-le-désert. L'opération Grand Site y a provoqué un aménagement assez pharaonique de parking, maison du site, cheminements bétonnés et aménagés pour aller voir ce vieux pont roman, et aussi accéder à une plage propice en été aux baignades et activités nautiques. Au mois de mars, tout cela est encore fermé, et là par chance le parking était ouvert gratuitement.



Nous avons fait une petite ballade jusqu'au pont du diable ce qui nous a permis de retrouver l'histoire légendaire de ce pont reliant Saint Benoît d'Aniane à Saint Guillaume.


C'était donc aujourd'hui une première échappée de notre villa de Lattes,  une superbe excursion à moins d'une heure de voiture de notre domicile. Avec la promesse d'y revenir, peut-être avec des membres de notre famille à l'occasion de leurs prochaines visites dans l'Hérault.