C'est un lieu chargé d'histoire, puisque Guilhem (forme occitane de Guillaume) était le petit-fils de Charles Martel et l'un des grands vassaux et amis de Charlemagne. A la mort de sa femme, il se fit moine, et fonda dans ce lieu très reculé des Cévennes occidentales, le val de Gellone, un monastère, une abbatiale et donc un village. Comme Charlemagne lui avait donné une relique de la vraie croix, qui est toujours conservée dans l'abbatiale et portée en procession le premier dimanche de mai, ce lieu devint vite un haut lieu de pèlerinage, et une étape importante sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Il ne faut donc pas confondre le "Désert" très catholique de Saint Guilhem, avec le "Désert" des camisards huguenots, du côté oriental des Cévennes, que l'on trouve encore dans le Musée du désert au mas Soubeyran. On peut noter que Guilhem, élevé avec les fils de Pépin le Bref, était alors surnommé "le petit marquis au nez court".
Même au mois de mars où les visiteurs sont assez rares et où plusieurs lieux comme le musée de l'abbatiale restent fermés en semaine - ils n'ouvrent tous les jours qu'entre avril et octobre inclus -, il faut se garer dans un parking payant relativement cher. Nous avons payé 6,20 € pour un peu moins de 4 heures. On y trouve des toilettes. En haute saison, il semble préférable de se garer près du Pont du Diable où on peut prendre une navette vers le village.
Sur la place de la Liberté, devant le portail de l'abbatiale, on peut manger sous un magnifique et imposant platane planté en 1855. Nous avons déjeuné très correctement au Logis des Pénitents à un tarif qui ne renie certes pas le caractère de haut lieu touristique du site. Il faut dire que le site de Saint Guilhem, avec quelques villages voisins, est classé Grand Site de France.
L'attraction principale reste l'Eglise abbatiale, avec ses reliques, sa crypte et son cloître.
Pour les connaisseurs, il faut aussi signaler le remarquable orgue historique, construit sous l'ancien régime et inauguré en 1789 par Jean-Pierre Cavaillé, qualifié de merveille organistique de l’Hérault. Jean-Pierre Cavaillé était le grand-père de l'illustrissime Aristide Cavaillé-Coll, et le premier facteur d'orgue de cette dynastie montpelliéraine. Son buffet orné d'anges musiciens est magnifique. Je n'ai pas encore eu l'occasion d'en entendre jouer, mais je sais qu'on y donne des concerts de qualité.
La promenade dans les rues du village est très intéressante et agréable. Les ruelles et les maisons sont généralement très bien ravalées en pierre blanche; de petites boutiques d'artisanat agrémentent ces ruelles ou l'on passe souvent sous des arceaux, des porches ou de petits escaliers.
On peut encore y voir un élément traditionnel accroché sur certaines portes: la cardabelle. C'est un chardon aux feuilles piquantes mais au cœur comestible comme un fond d’artichaut, et qui semble avoir toutes sortes de vertus légendaires.
On peut aussi y goûter les vues sur le ruisseau Verdus qui traverse le village, mais qui a laissé le souvenir des ravages causés par sa grande crue de 1907.
Au fond du village partent des chemins de randonnée vers la montagne, qu'il faudra tester lors d'une prochaine visite.
Le château du Géant qui surplombe le village ne se visite plus à cause des problèmes de sécurité dans ses ruines, mais la légende est jolie: c'est un géant qui terrorisait le village et qui avait pour compagne une pie. Saint Guilhem l'aurait combattu avec son épée légendaire "Joyeuse" et fait fuir la pie, ce qui explique que plus aucune pie ne peuple la vallée de Gellone.
Il ne faut pas non plus rater le Musée d'Antan, tenu par un Santonnier, M. Jacques Prouget et sa femme. C'est un artisan exceptionnel qui fabrique des santons de Provence dans le Languedoc ! Jean-Pierre Pernaut qui a fait un reportage sur lui au journal de TF1 l'a traité de complètement fada, ce qu'il nous raconte comme une distinction dont il est fier. Il nous a confié qu'il avait habité à Lattes avant que le maire de Saint Guilhem-le-Désert, village de 250 habitants, lui confie la mission de tenir un musée sur les métiers et traditions du village.
Dans une maison ancienne authentique, sur au moins 3 niveaux y compris de belles caves voûtées, son musée présente les instruments de métiers pas si vieux que cela car encore exercés il y a quelques dizaines d'années à Saint Guilhem, et basés essentiellement sur le travail du bois. Il est notamment très surprenant de voir comment on fabriquait des boules de pétanque lyonnaise en bois, qui étaient ensuite cloutées. Les divers outils sont mis en scène avec des santons grandeur nature.
Le musée présente aussi la production de santons "de Provence" des époux Prouget, de tailles classiques, mais souvent revisités par le santonnier qui sait leur donner une nouvelle dynamique: par exemple une vierge Marie qui n'est plus à genoux devant le petit Jésus, mais qui l'enveloppe d'un geste maternel.
En repartant de Saint-Guilhem vers Aniane, nous n'avons pas visité la Grotte de Clamouse, pourtant réputée pour ses cristallisations blanches. En revanche nous avons fait un arrêt au pont du Diable qui permet d'aller d'Aniane et son abbaye bénédictine à l'abbaye de Gellone à Saint Guilhem-le-désert. L'opération Grand Site y a provoqué un aménagement assez pharaonique de parking, maison du site, cheminements bétonnés et aménagés pour aller voir ce vieux pont roman, et aussi accéder à une plage propice en été aux baignades et activités nautiques. Au mois de mars, tout cela est encore fermé, et là par chance le parking était ouvert gratuitement.
Nous avons fait une petite ballade jusqu'au pont du diable ce qui nous a permis de retrouver l'histoire légendaire de ce pont reliant Saint Benoît d'Aniane à Saint Guillaume.
C'était donc aujourd'hui une première échappée de notre villa de Lattes, une superbe excursion à moins d'une heure de voiture de notre domicile. Avec la promesse d'y revenir, peut-être avec des membres de notre famille à l'occasion de leurs prochaines visites dans l'Hérault.
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