Tout près de Saint Guilhem-le-désert se trouvent les fameuses grottes de Clamouse, au bord de la rivière Hérault.
Nous sommes allé les visiter en plein mois d'août, ce qui aurait pu être catastrophique en termes de foule et donc de queue à faire et d'impossibilité de se garer. Cependant nous y sommes arrivés entre midi et deux heures, ce qui a sans doute réduit un peu l'affluence, et nous avons même trouvé une place de parking inespérée, grâce au départ d'une voiture juste au moment où nous arrivions.
Pour la petite histoire, lorsque nous avons voulu visiter Saint Guilhem plus tard dans l'après-midi il a été totalement impossible d'y stationner. Nous sommes alors retourné au parking de la Maison du Grand Site, près du Pont du Diable, et avons pris une navette pour rejoindre Saint Guilhem. En été, il y a deux navettes qui circulent entre ce grand parking et Saint Guilhem, ce qui fait un départ tous les 1/4 d'heure, et la durée du trajet n'est que de 10 minutes. On aura noté que ces navettes s'arrêtent aussi bien au Pont du Diable qu'à la grotte de Clamouse. Le bon plan aurait donc été de se garer directement à ce parking et de faire nos deux visites par la navette, qui circule d'ailleurs même tard en soirée. Le prix du parking est 5 € pour la journée, mais les navettes sont gratuites.
Revenons donc à la grotte de Clamouse. L'entrée coûte 10,20 € pour un adulte, et la visite ne peut se faire qu'avec un guide. En revanche il est inutile de prendre l'audioguide qui est destiné essentiellement à ceux qui veulent des commentaires en Anglais ou aux mal-entendants. On attend sous une tonnelle que la visite démarre, et c'est avec un groupe de plus d'une trentaine de personnes que nous sommes entrés dans la montagne. Le blog de Scoobidoo1 raconte de manière très détaillée et critique une visite de la grotte. Je n'y ajoute donc ici que mes impressions personnelles, plus favorables.
La visite commence par deux vidéos que l'on voit sur de petits écrans TV pour nous expliquer l'origine de la grotte, et comment se forment les différentes stalactites et stalagmites ou autres excentriques. On peut en retenir que c'est la rivière Hérault qui a creusé progressivement le karst dolomitique environnant, et ainsi abaissé la nappe phréatique qui en dépend. Celle-ci en s’abaissant a laissé vide un immense réseau de galeries et de salles souterraines, autrefois remplies d'eau.
C'est là que - selon le processus qu'on vous raconte dans chaque grotte - se sont formées des stalactites (avec un T car elles Tombent) par dépôt de calcaire, et en-dessous, des stalagmites (avec un M car elles Montent). Quand les deux se rejoignent on parle de colonnes. D'après notre guide la croissance des stalactites est de 1 cm par siècle. Certaines semblant proches de 6 m, cela pourrait signifier qu'elles ont mis 600 siècles pour pousser. Cela donne un sens concret à l'expression "au siècle des siècles"...
Mais tout cela serait banal et n'aurait pas suffi à donner à Clamouse la réputation internationale qu'elle a. Il y a en fait ici des cristallisations tout à fait originales, dues notamment à la présence de calcite et d'aragonite, qui produisent des concrétions tout à fait exceptionnelles: fistules (stalactites creuses), excentriques (concrétions de calcaire), draperies, dentelles, dents de cochon etc...
C'est vrai que beaucoup de passages et de salles sont magnifiquement décorées, souvent en blanc, mais l'une d'elle aussi en rouge foncé, si bien que les enfants semblent la prendre pour une fontaine de chocolat.
On peut noter dans l'une des salles, dite salle de la cathédrale du temps, des cristallisations qui forment un ou plusieurs "buffets d'orgue", et qui ont inspiré au réalisateur Christophe Guyard un son et lumière, intitulé Magnificat, écrit pour pour l'ensemble vocal A Sei Voci, avec harpes, percussions et orgues.
L'une des images qui a été retenue pour caractériser la grotte est celle de "La Méduse", un très bel ensemble où l'on retrouve des échantillons de presque toutes les sortes de cristallisations rencontrées dans la grotte.
La visite se déroule sur environ 900 m que l'on parcourt en 1 h 20 mn, avec beaucoup de montées et de descentes. Selon certains il y aurait environ 500 marches! Comme dans toutes les grottes, il y fait frais (environ 15°C) ce qui justifie d'emporter une petite laine. Notre guide signalait les éléments intéressants à voir, mais réservait l'essentiel de ses commentaires pour des consignes au groupe de visiteurs:
restez groupés, car si vous vous attardez la minuterie peut s'éteindre et vous serez perdus dans le noir; ne prenez pas de photos au flash, et si vous ne savez pas désactiver le flash de votre appareil, demandez à un autre touriste, car moi-même je ne sais pas le faire; en automne l'endroit où vous êtes peut être inondé par une crue soudaine et plusieurs personnes ont été emportées...
Il nous a aussi raconté la triste légende de la Clamouse.
La célèbre légende de la Clamouse raconte que dans les temps anciens, une famille de paysans très pauvre vivait dans les Gorges de l'Hérault.
Lorsque le fils aîné fut en âge de travailler, on le plaça comme berger sur le causse du Larzac, prés de La Vacquerie. A cause de l'éloignement, il ne venait que rarement voir sa famille qui se désolait de ne pas avoir plus souvent de ses nouvelles.
Or, à l'un de ses passages, il eut la surprise d'apercevoir dans les mains de sa mère un bâton qu'il avait sculpté en gardant son troupeau, puis jeté dans un gouffre profond du causse; les eaux souterraines l'avaient entraîné jusqu'à la source où sa mère venait puiser de l'eau.Depuis, tous les mois, le petit pâtre envoyait par ce moyen un objet qui faisait connaître aux siens qu'il était en bonne santé et qu'il pensait à eux. Une nuit, la mère guetta de longues heures le présent de son fils; tout-à-coup, ce fut le corps même de son enfant qu'elle vit apparaître...Le berger avait été entraîné dans le gouffre par un agneau vigoureux dont il voulait faire cadeau à sa famille. La mère, devenue folle, vint désormais clamer chaque nuit sa peine devant la source en hurlant de désespoir.Les gens l'avaient surnommée "la clamousa" (la hurleuse) et ce nom est resté à la source.
Une surprise de notre visite a été de tomber tout à coup, dans l'une des salles, sur deux aquariums. Ils contiennent de petits animaux cavernicoles, c'est-à-dire qui vivent en permanence dans les cavernes sans voir le soleil. Il y a d'un côté des protées, une sorte de salamandre qui est le seul vertébré cavernicole connu, et de l'autre côté des astyanax, petits poissons sans yeux et dont la peau est transparente. En réalité ces animaux ne viennent pas de Clamouse, mais ont été apportés d'autres sites en Europe, car la faune de Clamouse semble trop petite pour être montrée aux touristes.
Au cours de notre visite, nous avons aussi croisé un groupe de spéléologues tout habillés de combinaisons jaunes et munis de gants, de casques avec lampe etc... Ce n'étaient pas du tout des explorateurs, mais bien des touristes qui s'adonnaient à une toute nouvelle activité qui est proposée dans la grotte: le spéléopark. Il s'agit en quelque sorte de faire de l'accro-branches, mais à l'intérieur de la grotte. On y trouve donc aussi des filets à escalader, des tyroliennes pour franchir des fossés et toutes sortes de passages plus ou moins compliqués. Ce sera à essayer un jour.
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