dimanche 25 septembre 2016

Aigues-Mortes


Aigues-Mortes est à 26 km de Lattes par la belle RD 62 qui longe les étangs et le bord de mer en passant par Perols, Carnon, La Grande Motte, et aboutit dans la région dite de la Petite Camargue. Nous y sommes allés deux fois la semaine dernière avec des invités différents.


Notre objectif unique était chaque fois de visiter la cité fortifiée. Celle-ci a été fondée en 1240 par Louis IX, autrement dit Saint Louis, pour accéder à la Méditerranée et  faciliter ses croisades.


En effet les 7ème et 8ème croisades conduites par Saint Louis partirent respectivement en 1248 et 1270 d'Aigues-Mortes, qui était alors devenu l'accès à la mer Méditerranée de son royaume. On peut rappeler qu'à cette époque Marseille, déjà un grand port, était indépendante du royaume de France et dépendait du comte de Provence (et duc d'Anjou) et Montpellier du comte de Toulouse.


Saint Louis a fait construire surtout une route entre les marais  ainsi que  la tour de Constance pour servir de garnison à ses soldats. C'est son fils et successeur Philippe le Hardi qui fit construire l'essentiel des imposants remparts qui entourent la ville médiévale.


On visite la tour de Constance et les remparts, gérés par le Centre des Monuments Nationaux, pour un ticket unique qui nous a coûté 7,50€ par personne. Cet ensemble fait partie des monuments les plus visités dans la région et même en France. On y a compté  178.000 visiteurs en 2014, au 10 ème rang en France des monuments gérés par le Centre national, loin cependant derrière un autre monument dû à Saint Louis qu'est la Sainte Chapelle à Paris, avec ses 1.067.000 visiteurs payants. On peut noter que dans le Gard, il y a d'autres sites touristiques non gérés par le Centre des Monuments Nationaux, qui sont davantage fréquentés qu'Aigues-Mortes, comme le Pont du Gard avec ses 1,3 millions de visiteurs, les monuments romains de Nîmes avec 564.000 visiteurs ou même le musée du bonbon à Uzès fréquenté par 272.000 visiteurs.


La visite de la tour de Constance est aujourd'hui surtout marquée par le souvenir des femmes protestantes qui y ont été emprisonnées après la révocation de l'édit de Nantes en 1685.


Les hommes protestants du Languedoc, notamment les pasteurs, ont pour leur part été envoyés aux galères ou exécutés, comme le rappelle une plaque sur l'esplanade de Montpellier.


Leurs femmes, soeurs ou filles restées fidèles au protestantisme dans la France de Louis XIV ont été emprisonnées, notamment dans cette tour. La principale figure de ce souvenir est Marie Durand. Soeur du pasteur Pierre Durand qui a été pendu à Montpellier, elle y est enfermée à l'âge de 18 ans en 1730 et y passera 38 ans de captivité dans des conditions qu'on imagine aisément très difficiles lorsqu'on visite la tour. La margelle du puits de la salle principale de la tour comporte encore l'inscription gravée "RESISTER" (plutôt que "Register" comme le lisent certains) qui lui est attribuée.


Les murs de la tour font jusqu'à 6 m d'épaisseur et se dressent sur 3 niveaux, d'une hauteur totale de 22 m. Elle est desservie de nos jours par un ascenseur intérieur très utile pour créer un circuit de visite plus fluide: les touristes doivent prendre l'ascenseur pour monter et redescendre par les escaliers. Lorsque certains visiteurs montent à pied, sans avoir compris la consigne, leur croisement avec ceux qui descendent crée des bouchons inutiles. Sur la terrasse supérieure, se dresse la tourelle si caractéristique de la silhouette de cette tour. C'était autrefois un phare pour guider les bateaux.


Au pied de la tour se trouve aujourd'hui une plaque mémorielle  récente qui rappelle le martyre des protestants languedociens et cévenols.


Les remparts pour leur part constituent un mur de 11 m de haut formant un rectangle de 1.640 m de périmètre autour de la cité, entrecoupé de 15 structures s'élevant en moyenne à 18 m au-dessus du sol: 5 tours, 5 petites portes, 5 grandes portes. La particularité de ces remparts est qu'ils sont quasiment dans leur état d'origine, si l'on met à part les structures en bois qui les surmontaient à l'origine. Ils n'ont jamais fait l'objet d'une rénovation (contrairement par exemple aux murs de la cité de Carcassonne) et n'ont d'ailleurs jamais fait non plus l'objet d'une attaque ou d'un siège. Lorsqu'on les parcourt en été il faut savoir que c'est assez éprouvant de le faire sous le soleil: prévoir chapeaux et bouteille d'eau. Dans chaque tour ou porte on trouve cependant de l'ombre et une petite exposition sur l'historique de la ville, principalement centrée d'une part sur Saint Louis et d'autre part sur les Protestants.


En 2016 il y avait aussi une exposition spécifique sur les salines et la production du sel, intitulée Univers' sel. La production de sel est en effet, avec le tourisme, l'une des grandes ressources d'Aigues-Mortes, puisqu'on y trouve les Salins qui produisent notamment le sel de la marque La Baleine.

Ces petites haltes permettent de rompre un peu la rigueur du parcours des remparts, qui dure au moins une bonne heure.


Pour voir les maçonneries des remparts de plus près, et avec beaucoup moins d'efforts, rien ne vaut le  petit train touristique d'Aigues-Mortes. Pour 5€ par personne il vous emmène dans un circuit commenté de 25 mn qui longe les faces intérieure et extérieure des remparts. Au terme du trajet, les archères à deux niveaux et les bretèches n'auront plus de secret pour vous...


Si on met à part la tour de Constance  et les remparts, Aigues-Mortes présente l'aspect d'une ville touristique avec beaucoup de commerces et de cafés ou restaurants, extrêmement fréquentés en été et lors des jours fériés. L'ambiance générale rappelle un peu la ville de Dubrovnik en Croatie.


Le plan de la ville médiévale garde de son origine royale des rues strictement perpendiculaires et un découpage cadastral selon une trame très régulière.


On peut y trouver plusieurs édifices religieux dignes d'intérêt, notamment l'Eglise Notre Dame des Sablons où une plaque affirme que Saint Louis y prit la croix avant de partir en croisades. On remarque dans cette Eglise surtout des vitraux colorés contemporains conçus par le peintre nîmois Claude Viallat. Nous n'avons en revanche pas pu visiter la chapelle des pénitents blancs ni la chapelle des pénitents gris qui ne sont ouvertes que certains après-midi.


Dans les principales rues, très animées, on vend de nombreux souvenirs pour touristes. Nous nous sommes attardés dans la boutique Les Indiennes de Nîmes où l'on trouve des vêtements de Camargue de très grande qualité. Dans la grande rue Jean Jaurès, une boutique intitulée Le Temps de l'Olive vend beaucoup de produits à base de sel de Camargue, et notamment du sel à la truffe.


Nous n'avons pas acheté de Fougasse, une spécialité d'Aigues-Mortes dont la recette figure sur tous les bons sites de cuisine. C'est une brioche moelleuse, humectée de beurre et d'eau de fleur d'oranger, et saupoudrée de sucre. A ne pas confondre avec la fougassette de Grasse qui nous aurait fait davantage saliver.


Aucune réticence ne nous a retenu en revanche devant la Maison de la Glace où un maître-artisan glacier (sic) propose quelque chose comme 69 parfums.