lundi 9 octobre 2017

Espagne


Montpellier, et a fortiori Lattes, est marqué par sa proximité avec l'Espagne. L'autoroute A9 nous le montre chaque jour avec un flot ininterrompu de poids lourds qui vont vers l'Espagne ou en viennent.


Nous en avons profité pour aller déjà trois fois en Espagne cette année, ce qui ne nous était jamais arrivé avant d'être à Lattes. Il s'agissait chaque fois de courts séjours puisque les temps de trajet  sont raisonnables.

1. Barcelone


La destination qui s'impose est d'abord Barcelone, la capitale de la Catalogne. Certains Lattois nous ont dit qu'ils y allaient plusieurs fois par an, juste pour y faire des achats. Pour notre part nous y sommes allés au printemps pour visiter la ville, dans une période a priori pas trop touristique pour éviter l'affluence des mois d'été. C'était avant le tragique attentat du 17 août dernier, et aussi avant le referendum sur l'indépendance de la Catalogne qui a eu lieu le 1er octobre dernier.


Pour y aller on peut prendre l'autoroute A9 et son prolongement espagnol l'AP-7. C'est donc très direct et entièrement autoroutier. D'après mappy.com, cela fait 343 km, coûte 45 € dont 17,50 € de péage et prend  3 heures et 15 minutes. Le problème est qu'à l'arrivée, il est très difficile de circuler en voiture à Barcelone et très onéreux d'y stationner. On trouve certes de nombreux sites qui donnent des bons plans pour éviter de payer trop cher, mais on se rend néanmoins compte que la voiture est davantage un handicap qu'un atout quand on arrive sur place.


C'est pourquoi nous avons opté pour y aller en train. Là aussi, la ligne de Montpellier vers Barcelone est directe. En 3 heures tout juste la SNCF et la RENFE vous amènent à la gare de Barcelone Sants qui est proche du centre ville, et en tous cas située sur une ligne de métro. Les tarifs sont proches de 50 € par personne et par trajet. On trouve  parfois des billets moins chers. L'aller-retour pour deux personnes nous a coûté en l'occurrence 132 € en mars dernier, soit 33 € par personne et par trajet. C'est donc un peu plus cher que la voiture si on voyage en couple, même si on prend en compte le coût du parking sur place, mais c'est nettement plus zen. Et une fois sur place nous n'avons jamais regretté notre choix, car les transports en commun, notamment le métro, permettent de circuler facilement, et de toutes façons c'est vraiment une ville qu'il est intéressant de découvrir à pieds si l'on peut marcher un peu.


Les hôtels de Barcelone sont réputés chers et souvent complets. D'ailleurs la municipalité semble freiner le développement des capacités hôtelières pour limiter l'invasion touristique de la ville qui devient problématique certains jours. Comme nous étions en période creuse nous avons cependant trouvé une offre spéciale avantageuse sur Booking.com pour 3 nuits à l'hôtel Sagrada Familia au prix total de 150,40 €. C'est un hôtel sans restaurant, et à ce prix il n'y avait même pas de petit déjeuner. Mais il est de confort acceptable et relativement bien placé juste derrière l'hôpital Sant Pau, un chef d'oeuvre du style moderniste catalan, de l'architecte Luis Domenech i Montaner.


Pour une première visite touristique, nous avons d'ailleurs surtout ciblé l'architecture moderniste catalane de Antoni Gaudi et Luis Domenech. Je ne développe pas ici les splendides et étonnantes réalisations architecturales  que nous avons visitées, car le propos de ce blog est de simplement montrer ce qu'on peut faire à partir de Lattes, et il existe de nombreux guides et sites pour raconter Barcelone.

A titre personnel je soulignerai cependant le choc émotionnel provoqué par l'intérieur de la basilique de la  Sagrada Familia. L'extérieur très connu et d'ailleurs toujours en chantier me fait un peu le même effet de trop-plein que certains retables baroques surchargés d'angelots et de dorures. Mais l'intérieur de la basilique, avec des volumes sublimes, des effets de couleurs et de lumière inouïs, où de plus l'orgue jouait doucement le prélude de choral de Brahms Herzliebster Jesu que j'affectionne beaucoup, m'a scotché sur place. Cela vaut vraiment la peine de visiter l'intérieur de la cathédrale avec un audioguide, même s'il faut pour cela réserver sur internet, payer assez cher, et faire la queue avant de pouvoir entrer.


De la même manière, l'urbanisme de Barcelone est à juste titre très réputé. Mais pour le touriste classique l'expérience urbanistique se limite souvent à déambuler sur les fameuses Ramblas. Or là aussi, même si cela peut paraître sympa, j'ai surtout eu un sentiment de trop-plein touristique qui réduit beaucoup l'intérêt de cette avenue emblématique.


Certains des meilleurs moments passés dans la ville l'ont donc été dans le parc Montjuic qui domine la métropole catalane et permet d'échapper à la foule urbaine. Cela m'a fait penser aux ballades à Fiesole quand on voulait échapper à la foule de Florence en Italie. Le téléphérique qui monte au fort de Montjuic donne des vues époustouflantes sur la ville et la mer, et la fondation Miro que l'on peut visiter dans le parc est un haut lieu de culture dans un cadre de sérénité, un peu à l'image de la fondation Maeght à St Paul de Vence.


En matière de gastronomie, nous avons naturellement profité des tapas, en dégustant notamment les  tapas de petits poivrons verts. Mais le plus étonnant a été de découvrir toute une culture autour du jambon, le fameux jamon iberica, illustré notamment par un immense lieu de dégustation et d'exposition sur les Ramblas intitulé Jamon experience.


En résumé, aller à Barcelone depuis Lattes est une expérience passionnante pourvu qu'on puisse y aller en basse saison, qu'on réserve toutes ses visites sur internet à l'avance et qu'on prenne le temps de vivre un peu dans cette ville et pas seulement de la "faire" comme on dit chez les touristes pressés.

2. Pyrénées


Notre seconde sortie en Espagne a été une petite escapade pyrénéenne, en septembre dernier derrière le col du Pourtalet, c'est-à-dire en Aragon . Nous avons logé trois jours chez des amis dans le Béarn, plus précisément dans la vallée de l'Ossau, chère à l'ancien fils de berger Jean Lassalle qui en est devenu le député. C'est l'occasion de souligner que depuis Lattes on peut se rendre directement à Pau, par les autoroutes A9, puis A61 et A64. Pour mappy.com cela fait 430 km, et coûte 70 € dont la moitié de péage. Le trajet peut théoriquement se faire en 4 heures, sans les pauses. Pour nous qui roulons tranquillement et faisons des arrêts, c'était au total plus de 5 heures, Toulouse étant à mi-parcours.

A partir de Pau on descend dans la très belle vallée de l'Ossau, dominée par le pic du Midi de l'Ossau, et on arrive au bout d'une soixantaine de kilomètres au col du Pourtalet (1.794 m d'altitude) qui sert de frontière avec l'Espagne. Nous étions alors moins d'un mois après les attentats de Barcelone, et pensions que le passage de la frontière serait un peu contrôlé. En fait, nous n'avons vu ni douanier ni policier et aurions pu passer la frontière sans la remarquer s'il n'y avait pas les drapeaux, et surtout les nombreux magasins qui vendent, du côté espagnol, des produits aux touristes et frontaliers français.

La meilleure affaire est sans doute de faire le plein en Espagne si l'on a une voiture qui roule à l'essence. L'essence SP95-E10  y est en effet vendue au même prix que le diesel, ce qui met le litre à 1,19 € alors qu'en France il est difficile d'en trouver en ce moment à moins de 1,30 € dans les supermarchés, sans parler des autoroutes où l'essence SP95 avoisine les 1,50 €.


Beaucoup de Français achètent aussi des litres d'alcool, produit apparemment moins taxé qu'en France. On trouve sur certains blogs des commentaires disant que cela peut être deux fois moins cher. Cela est effectivement le cas pour les alcools de fruit, mais sans doute moins vrai pour les autres alcools où la différence de prix n'est que de quelques euros. C'est pourtant une vraie ruée sur les ventas que signale le journal La République des Pyrénées et ce n'est manifestement pas seulement du touron qu'achètent les Français à ce poste-frontière.


En tous cas, ce n'est pas pour gagner quelques euros que nous avons fait le voyage jusqu'au col du Pourtalet, mais bien pour faire des randonnées avec nos amis dans la montagne pyrénéenne. Du côté français, tout l'environnement naturel est préservé car on se trouve dans le parc national des Pyrénées, règne des izards, marmottes et aigles royaux, et très sporadiquement de quelques ours. Quand nous y sommes passés, la chasse venait d'être ouverte, ce qui, psychologiquement, tempérait un peu l'impression d'être dans un pur parc naturel consacré à la biodiversité.


Du côté espagnol  aucune protection équivalente n'existe une fois passé la frontière, si bien que la première chose que l'on trouve sur la route est une importante station de ski, la station Aramon Formigal.  En septembre elle n'avait guère d'activité faute de neige, mais on y voyait pas mal de canons à neige prêts à suppléer la ressource blanche devenue rare en ces temps de changement climatique.


En allant un peu plus loin vers Sallent de Gallego, face au majestueux  Peña Foratata nous avons pris un chemin de randonnée qui passe à travers le bois de Formigal jusqu'à un petit col, le Pico Pacino. Comme il avait plu pendant trois semaines avant notre visite, et que le jour de la visite le ciel était d'un bleu azur et le soleil radieux, nous avons profité à 100 % de cette magnifique partie de la vallée de Tena dans les Pyrénées espagnoles non seulement pour admirer le paysage ou respirer l'air des montagnes, mais aussi pour ramener un cageot plein de champignons, notamment des coulemelles, autrement dit des lépiotes.


3. Figueras et Cadaques


Notre troisième séjour, début octobre, nous a reconduit en Catalogne, sur les traces de Salvador Dali qui a vécu à Figueras et Cadaques.


C'est l'Association Art et Culture de Lattes, dont nous sommes membres depuis cette rentrée qui a organisé le voyage sur deux jours, en le combinant d'ailleurs avec une visite de Collioure dans les Pyrénées-Orientales, ville marquée par l'histoire tumultueuse de la région frontalière, mais aussi par la présence au début du siècle dernier de deux peintre créateurs du Fauvisme, André Derain et Henri Matisse. A noter pour être précis, que "Art et Culture" est une activité de l'Association Lattes Loisirs Culture, qui est le grand organisateur de beaucoup d'activités à Lattes, et s'avère notamment précieuse pour l'intégration rapide des nouveaux arrivants sur la commune.


Cette fois nous sommes partis de Lattes en autocar et avons rejoint Figueras en 2 heures 30 (hors Pause) par l'autoroute A9 puis AP-7.


A Figueras (noté Figueres en Espagnol) un seul point focal rassemble tous les touristes: le musée Salvador Dali.  Son titre est en fait le Musée-Théâtre Dali, car il est implanté dans l'ancien théâtre de la ville, et il faut reconnaître qu'il propose effectivement au visiteur une expérience très théâtrale.


On y trouve quelques toiles et installations très daliniennes, comme ce tableau de Gala sur une croix qui se transforme en portrait d'Abraham Lincoln quand on le regarde sous certaines conditions, ou ces meubles de salon, qui vus depuis un promontoire forment le portrait de Mae West.


On aime bien aussi l'autoportrait mou avec des lardons grillés et toutes sortes de portraits et sculptures de Gala toujours magnifique, même décortiquée en sphères ou pleine de tiroirs.


Et bien sûr, dans la collection personnelle de Dali exposée dans l'une des salles, il ne faut pas manquer un portrait de Saint Paul par le Greco, le peintre dont je suis un admirateur inconditionnel.


J'ai eu plus de mal à comprendre certaines œuvres très kitsch qui semblaient passer pour de la pure provocation surréaliste, à commencer par la Cadillac pluvieuse qui trône dans l'entrée. Heureusement que nous avions les explications d'une bonne guide pour replacer tout cela dans son contexte et dans la vie de Dali, ce qui a permis de donner du sens aussi bien à l'ensemble du musée qu'à chacune des œuvres exposées. En conclusion ne visitez pas ce théâtre-musée sans un guide compétent. Vous risqueriez de ne rien y comprendre et simplement de conforter la vision très superficielle d'un Dali amuseur et provocateur qu'on a souvent de lui. Avec un peu d'attention et d'approfondissement des idées daliniennes, on découvre au contraire une personnalité riche et profonde, qui a su atteindre à l'universel sans perdre un ancrage profond dans sa terre natale de Catalogne.


C'est d'ailleurs dans la crypte du musée-théâtre que repose le Marquis de Dali de  Pubol, du moins quand de pseudo-descendants ne le font pas déloger pour effectuer des prélèvements ADN.


Cadaquès, un petit village de pêcheurs sur la côte, est un autre lieu très marqué par le séjour de Dali. Vers la fin de sa vie, il habitait une petite propriété située dans la baie de Portlligat, dont les paysages méditerranéens ont inspiré de nombreuses toiles de Dali. La maison que nous n'avons pas pu visiter semble être un monument de surréalisme.


On célèbre le génial peintre paranoïa-critique un peu partout dans le village même, où il passait ses vacances dès sa jeunesse,


village très pittoresque avec ses maisons blanches et ses ruelles, où il a laissé une empreinte encore sensible.



Nous avons fait l'effort de monter jusqu'à l'église Santa Maria de Cadaquès réputée notamment pour son rétable hyper baroque. La vue sur la baie est magnifique depuis le parvis de l'Eglise.


J'ai aussi apprécié l'orgue où jouait une organiste nichée dans une sorte de cage placée sous les tuyaux de montre.


Nous avons fait cette excursion de deux jours à Figueras et Cadaques les 5 et 6 octobre 2017, soit moins d'une semaine après le referendum sur l'indépendance de la Catalogne. Un certain nombre d'affiches appelaient encore à voter, ou à ne pas voter, et aux fenêtre et balcons on trouvait de nombreux drapeaux appelant à voter Si, mêlés aux drapeaux de la Catalogne indépendante, dont les quatre rayures rouges sont dues à Guifred le velu, d'après la légende, mais auxquelles les indépendantistes ont ajouté une étoile blanche dans un triangle bleu. J'ai eu le sentiment que ces manifestations d'indépendance étaient assez peu revendicatives, ni d'ailleurs excessivement nombreuses. Il m'a semblé avoir vu plus de drapeaux turcs dans les banlieues de Strasbourg pendant la dernière Coupe du monde de football, que de drapeaux catalans la semaine dernière dans les rues de Figueras ou Cadaquès, comme si le referendum avait servi d'exutoire nationaliste aux Catalans et que tout était ensuite redevenu calme.


Mais l'histoire n'est sans doute pas terminée.

4. Quand l'Espagne vient à Lattes



Pour illustrer les liens entre le Languedoc et l'Espagne, il faut naturellement aussi mentionner qu'en 2017 le tour cycliste d'Espagne, autrement dit la Vuelta est passé par Lattes. En effet la 2ème étape avait un parcours de Nîmes à Gruissan (près de Narbonne), donc essentiellement languedocien.


Elle a conduit la caravane et les coureurs à traverser Lattes le dimanche 20 août dernier entre midi et quatorze  heures. Nous n'avons guère profité du spectacle, mais subi patiemment les contraintes sur la circulation, notamment sur le tram 3 bloqué à Boirargues, qui a connu d'importants retards.


Cette deuxième étape a été gagnée au sprint par le belge Yves Lampaert qui en a profité pour endosser provisoirement le maillot rouge de leader, aux termes d'une étape "où il ne s'est pas passé grand chose", selon les commentateurs. Mais c'est évidemment encore l'Anglais Froome qui a remporté au final cette 72 ème édition de la Vuelta.