lundi 29 août 2016

Courses camarguaises


En ce mois d'août 2016, nous avons appris à connaître l'une des traditions locales de notre nouvelle région: la course camarguaise. C'est l'un des événements obligatoires dans toute fête votive du Gard, de l'Hérault, d'une partie des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse. En la matière Lattes n'est pas en reste, puisque les fêtes s'y sont déroulées en fait sur 5 jours, avec chaque jour des courses camarguaises à 16 heures dans les arènes, juste à côté de notre villa.


La course camarguaise est un sport qui se déroule dans une arène, où des hommes habillés de blancs, les raseteurs, essaient d'attraper des attributs attachés aux cornes de taureaux (bien sûr noirs). Les raseteurs ont en main un crochet à quatre dents qui leur sert à couper et attraper ces attributs: une cocarde, deux glands (en fait des pompons) et deux ficelles. Ils peuvent être aidés par des tourneurs, qui n'ont pas de crochet et dont le rôle est de détourner l'attention du taureau. On reconnaît les tourneurs au fait que leur nom est écrit en rouge sur leur maillot, alors que les raseteurs ont leur nom marqué en noir.

Contrairement à la corrida, la course camarguaise est non violente et ne tue pas le taureau. On essaie d'ailleurs de ne pas non plus le blesser, et si parfois le sang coule un peu dans ces courses, c'est parce que le taureau s'est blessé lui-même en sautant trop violemment par-dessus les barrières, en chargeant les raseteurs. Les crochets eux-mêmes peuvent égratigner le taureau, mais c'est bénin car il a le cuir épais.

Les taureaux sont d'ailleurs les vrais héros des courses camarguaises. Ils peuvent recevoir des prix s'ils arrivent à rentrer au bout du temps imparti (en principe 15 minutes) au toril en ayant gardé certains de leurs attributs, et les plus vaillants deviennent des stars qui auront leur nom en tête d'affiche pour les prochaines courses. Certains taureaux emblématiques ont même leur statue  dans les villages où ils ont vécu.


Il faut cependant ici rétablir une vérité: les taureaux qui participent aux courses camarguaises, et qu'on appelle des taureaux cocardiers car ils portent la cocarde, ne sont en général pas des taureaux. Ils ont été castrés à l'âge de un an, et ce sont donc en réalité des bœufs. Rien à voir cependant avec les bœufs de labour. Ils restent noirs, vifs et assez agressifs comme des taureaux. Par exception, certaines courses se font avec des étalons. C'est en général des taureaux jeunes qui n'ont pas encore couru et dont on teste l'aptitude à participer aux courses camarguaises. Nous en avons vu à Mauguio, et cela donne une course assez particulière: les taureaux inexpérimentés ont souvent perdu rapidement tous leurs attributs (pas de mauvais esprit svp) , et le plus dur pour les raseteurs et les manadiers était alors de les faire rentrer au toril. En général, il fallait faire venir un autre taureau habitué à rentrer qui lui donnait l'exemple, et quand ce deuxième taureau n'a pas voulu rentrer non plus, un troisième est arrivé à la rescousse pour former troupeau et rentrer ensemble.


Pour être complet sur le chapitre des taureaux de Camargue, signalons qu'une manade de taureaux et de chevaux est implantée sur la commune de Lattes. C'est la manade Robert Michel qui se trouve au domaine de Fangouse, et dont on voit très bien les taureaux et chevaux paître lorsqu'on circule en vélo sur la route de Pérols. Son site internet me laisse cependant une légère perplexité, puisque sur le même site il explique que la vocation des taureaux est de perpétrer (sic) la tradition Camargue, et aussi qu'il vend de la viande de taureau sous forme de colis de 5 ou 10 kg pour faire du rumsteack ou de la gardianne.

Il faut savoir que la viande des taureaux de Camargue est très appréciée, et bénéficie d'ailleurs d'une Appellation d'Origine Protégée.


Pour ce qui est des raseteurs, après une formation à l'école des raseteurs durant deux ans et une sélection qui semble rigoureuse, ils participent à des trophées, comme le trophée de l'Avenir pour les moins de 25 ans, le trophée des Raseteurs pour les raseteurs plus confirmés, ou le trophée des As pour les champions. A Lattes cet été, les courses camarguaises comptaient pour un trophée Paul Andrieu. On peut noter que les raseteurs sont toujours classés entre droitiers et gauchers et qu'une course bien organisée semble essayer de trouver un équilibre entre ces deux catégories.



La course camarguaise est en principe organisée par un club taurin. A Lattes sont recensés deux clubs taurins: Le Club taurin Lou Méjan-Labomace et le club taurin Lou Tau. C'est ce dernier qui a organisé toutes les manifestations taurines des fêtes de Lattes en ce mois d'août 2016. Les organisateurs paient la prestation des taureaux fournis par des manades, souvent six manades différentes procurent chacune un taureau pour une même course.  Les organisateurs offrent aussi une petite prime aux raseteurs pour chaque attribut attrapé. Mais cette prime augmente au fur et à mesure que la course se déroule grâce à des sponsors qui ajoutent chaque fois deux euros. La course est ainsi rythmée par les interventions toutes les 30 secondes du directeur de la course qui annonce que la blanchisserie machin offre deux euros de plus ( deu-z-euros de plu-euh, avé l'assent), ou que le conseiller général du canton porte la prime à 40 euros ( quand elle était auparavant à 38). Habituellement le club taurin se rémunère en faisant payer l'entrée. Nous avons ainsi assisté à des courses camarguaises dans les Arènes de Mauguio où l'entrée  coûtait huit euros. Mais remarquablement à Lattes, les 5 courses de la semaine passée étaient toutes gratuites. C'est sans doute la municipalité qui a pris en charge l'essentiel des frais, comme elle nous a offert l'apéritif ce dimanche midi.


Les courses camarguaises sont régies par une fédération française des courses camarguaises. Même si ce sport ne concerne que 4 départements, c'est une fédération nationale. Après tout, la pétanque a aussi sa fédération nationale. Elle édite une réglementation abondante et détaillée qui comprend par exemple même un chapitre sur les contrôles anti-dopage. Il ne dit pas si c'est les raseteurs ou les taureaux qui y sont soumis. Notons quand même une fois de plus que cette Fédération a connu début 2016 une grave crise qui la menaçait tout simplement de disparition: Selon France Bleu, après des années de mauvaise gestion, la Fédération connaissait un déficit de plus de 130.000 € et a déposé son bilan, ce qui aurait pu être fatal à tout ce sport. Une nouvelle équipe a cependant repris les rênes de la fédération au printemps dernier.


Plutôt que d'étudier toute les vicissitudes de la fédération et les arcanes de sa règlementation, ce qu'il est intéressant de connaître pour l'aficionado c'est tout le cérémonial qui entoure les courses.


D'abord l'arrivée des taureaux vers les Arènes est l'Abrivado. Les taureaux encadrés par des gardians sur des chevaux camarguais peuvent parcourir plusieurs centaines de mètres dans les rues de la ville, où des barrières de protection ont été disposées. Nous avions de telles barrières directement contre le mur de notre villa, et avons bénéficié aussi pendant 5 jours des odeurs de crottes de cheval déposées devant elles.

Les courses commencent par une présentation des raseteurs et un salut à la présidence sur l'air d'ouverture de Carmen. Ensuite un taureau est introduit dans l'arène vide sur un air de fanfare appelé L'èr di biòu, une sorte d'appel de clairon pour le rassemblement. Le taureau reste une minute seul sur la piste pour y prendre ses repères, puis le même air retentit à nouveau pour lancer la course avec l'arrivée des raseteurs. Chaque prise d'attribut est saluée par un air de fanfare, et elle retentit à nouveau au bout de 15 minutes pour marquer la fin du "raset".


A la fin de toutes les courses, ou éventuellement des remises de prix aussi bien aux raseteurs qu'aux taureaux, se déroule le Bandido, qui est l'inverse de l'Abrigado, c'est-à-dire les taureaux repartent de l'arène encadrés par des gardians à cheval. En l'occurrence, des camions étaient stationnés devant notre porte, et les taureaux y rentraient après avoir fait un parcours dans la ville de Lattes.


Lors des fêtes de Lattes, qui comportaient de nombreuses autres animations y compris une messe en provençal ou un défilé en costumes anciens, chaque événement et donc aussi les courses camarguaises ont été conclues par l'hymne provençal La Coupo Sancto, repris par toute l'assemblée.



dimanche 28 août 2016

OrPHé


J'ai déjà raconté dans un article précédent que j'étais occasionnellement organiste, en fait ce qu'on appelle un organiste liturgique dont l'ambition n'est pas de faire des concerts mais d'accompagner des offices religieux, et bien sûr de se faire un peu plaisir.

En arrivant dans l'Hérault, j'ai pris contact avec l'association OrPHé, acronyme qui signifie "Organistes en Pays d'Hérault" qui regroupe un certain nombre d'organistes liturgiques, le plus souvent catholiques, mais les protestants n'en sont nullement exclus.


A ce stade je n'ai pas testé l'activité principale de cette association qui est la formation des organistes, dispensée en cours individuels ou collectifs ainsi qu'en ateliers spécialisés par des professeurs confirmés. Parfois elle invite des organistes réputés qui organisent des master class. La fréquentation de son site internet permet aussi d'être au courant des nombreux concerts d'orgue donnés ici ou là dans la région.


Le dernier concert auquel j'ai assisté ne figurait cependant pas sur le site d'OrPHé, et j'en ai pris connaissance par la Gazette de Montpellier: il s'agit d'un concert d'orgue à quatre mains donné par Olivier Vernet et Cédric Meckler le 30 juillet dernier à la cathédrale de Montpellier.


Le répertoire à quatre mains pour orgue est évidemment un peu particulier, et comprenait en l'occurrence même des morceaux composés spécialement pour le duo. Il avait ici un parfum très espagnol avec des œuvres de Manuel de Falla, John Carmichael, Isaac Albeniz, et même une marche turque de Mozart transformée en samba par Philip Robert Buttall, ou une adaptation pour l'orgue à 4 mains du boléro de Ravel.


On peut voir une version de ce boléro sur Youtube, ainsi que de nombreuses autres interprétations de ce duo.

Pour profiter non seulement de la musique mais aussi du spectacle des deux organistes qui s'emmêlaient les bras et jambes sur les claviers et pédaliers, une caméra les a filmés sur la tribune et projeté leur image sur grand écran devant le public. Le procédé est intéressant, même si cela m'a donné un peu l'impression d'être au cinéma plutôt qu'à un concert d'orgue dans une cathédrale.


Mais si je parle ici d'OrPHé, c'est pour rendre compte d'un voyage organistique que cette association a organisé en Auvergne du 17 au 25 août. (Par rapport à l'affiche il avait été prolongé d'une journée).


Avec une équipe très sympathique d'une douzaine d'organistes nous avons pu non seulement visiter de nombreuses abbatiales, basiliques, cathédrales ou églises plus ou moins romanes, mais aussi chaque fois accéder à la tribune des orgues et y jouer quelques morceaux. Le voyage était organisé par Irène Randrianjanaka, co-titulaire de la cathédrale Saint Pierre de Montpellier, et Eric Andanson, titulaire de l'orgue de l'Eglise Saint Roch à Montpellier, et a aussi bénéficié de la participation de Marie-Claire Lahor, professeur au Conservatoire de Sète.


L'intérêt d'un telle visite est de jouer sur des orgues de conception très différentes:


depuis des orgues de la Renaissance, comme au Monastier sur Gazeille,


jusqu'à des orgues très romantiques comme au Sacré-Coeur de Clermont Ferrand,


en passant par l'orgue de Pontaumur qui est la reproduction exacte de l'orgue qu'avait Jean-Sébastien Bach à Arnstadt,

ou l'orgue alsacien de la manufacture Kern installé dans l'Eglise Saint-Eutrope de Clermont-Ferrand.

Dans la liste des orgues sur lesquels on a pu jouer figurent notamment  les orgues de 3 cathédrales, ce qui est toujours un peu impressionnant pour le petit organiste amateur que je suis:


celle du Puy-en-Velay,

celle de Clermont-Ferrand 


et celle de Saint-Flour.

L'association OrPHé organise très régulièrement de tels voyages organistiques, qui non seulement permettent de découvrir d'intéressants instruments mais aussi de créer du lien entre les organistes de l'Hérault. C'est donc une opportunité inespérée pour élargir mes horizons dans la région.

dimanche 14 août 2016

Clamouse


Tout près de Saint Guilhem-le-désert se trouvent les fameuses grottes de Clamouse, au bord de la rivière Hérault.

Nous sommes allé les visiter en plein mois d'août, ce qui aurait pu être catastrophique en termes de foule et donc de queue à faire et d'impossibilité de se garer. Cependant nous y sommes arrivés entre midi et deux heures, ce qui a sans doute réduit un peu l'affluence, et nous avons même trouvé une place de parking inespérée, grâce au départ d'une voiture juste au moment où nous arrivions.


Pour la petite histoire, lorsque nous avons voulu visiter Saint Guilhem plus tard dans l'après-midi il a été totalement impossible d'y stationner. Nous sommes alors retourné au parking de la Maison du Grand Site, près du Pont du Diable, et avons pris une navette pour rejoindre Saint Guilhem. En été, il y a deux navettes qui circulent entre ce grand parking et Saint Guilhem, ce qui fait un départ tous les 1/4 d'heure, et la durée du trajet n'est que de 10 minutes. On aura noté que ces navettes s'arrêtent aussi bien au Pont du Diable qu'à la grotte de Clamouse. Le bon plan aurait donc été de se garer directement à ce parking et de faire nos deux visites par la navette, qui circule d'ailleurs même tard en soirée. Le prix du parking est 5 € pour la journée, mais les navettes sont gratuites.


Revenons donc à la grotte de Clamouse. L'entrée coûte 10,20 € pour un adulte, et la visite ne peut se faire qu'avec un guide. En revanche il est inutile de prendre l'audioguide qui est destiné essentiellement à ceux qui veulent des commentaires en  Anglais ou aux mal-entendants. On attend sous une tonnelle que la visite démarre, et c'est avec un groupe de plus d'une trentaine de personnes que nous sommes entrés dans la montagne.  Le blog de Scoobidoo1 raconte de manière très détaillée et critique une visite de la grotte. Je n'y ajoute donc ici que mes impressions personnelles, plus favorables.


La visite commence par deux vidéos que l'on voit sur de petits écrans TV pour nous expliquer l'origine de la grotte, et comment se forment les différentes stalactites et stalagmites ou autres excentriques. On peut en retenir que c'est la rivière Hérault qui a creusé progressivement le karst dolomitique environnant, et ainsi abaissé la nappe phréatique qui en dépend. Celle-ci en s’abaissant a laissé vide un immense réseau de galeries et de salles souterraines, autrefois remplies d'eau.

C'est là que - selon le processus qu'on vous raconte dans chaque grotte - se sont formées des stalactites (avec un T car elles Tombent) par dépôt de calcaire, et en-dessous,  des stalagmites (avec un M car elles Montent). Quand les deux se rejoignent on parle de colonnes. D'après notre guide la croissance des stalactites est de 1 cm par siècle. Certaines semblant proches de 6 m, cela pourrait signifier qu'elles ont mis 600 siècles pour pousser.  Cela donne un sens concret à l'expression "au siècle des siècles"...


Mais tout cela serait banal et n'aurait pas suffi à donner à Clamouse la réputation internationale qu'elle a. Il y a en fait ici des cristallisations tout à fait originales, dues notamment à la présence de calcite et d'aragonite, qui produisent des concrétions tout à fait exceptionnelles:  fistules (stalactites creuses), excentriques (concrétions de calcaire), draperies, dentelles, dents de cochon etc...


C'est vrai que beaucoup de passages et de salles sont magnifiquement décorées, souvent en blanc, mais l'une d'elle aussi en rouge foncé, si bien que les enfants semblent la prendre pour une fontaine de chocolat.


On peut noter dans l'une des salles, dite salle de la cathédrale du temps, des cristallisations qui forment un ou plusieurs "buffets d'orgue", et qui ont inspiré au réalisateur Christophe Guyard un son et lumière, intitulé Magnificat, écrit pour pour l'ensemble vocal A Sei Voci, avec harpes, percussions et orgues.




L'une des images qui a été retenue pour caractériser la grotte est celle de "La Méduse", un très bel ensemble où l'on retrouve des échantillons de presque toutes les sortes de cristallisations rencontrées dans la grotte.

La visite se déroule sur environ 900  m que l'on parcourt en 1 h 20 mn, avec beaucoup de montées et de descentes. Selon certains il y aurait environ 500 marches! Comme dans toutes les grottes, il y fait frais (environ 15°C) ce qui justifie d'emporter une petite laine. Notre guide  signalait les éléments intéressants à voir, mais réservait l'essentiel de ses commentaires pour des consignes au groupe de visiteurs:
restez groupés, car si vous vous attardez la minuterie peut s'éteindre et vous serez perdus dans le noir; ne prenez pas de photos au flash, et si vous ne savez pas désactiver le flash de votre appareil, demandez à un autre touriste, car moi-même je ne sais pas le faire; en automne l'endroit où vous êtes peut être inondé par une crue soudaine et plusieurs personnes ont été emportées...

Il nous a aussi raconté la triste légende de la Clamouse.
La célèbre légende de la Clamouse raconte que dans les temps anciens, une famille de paysans très pauvre vivait dans les Gorges de l'Hérault.
Lorsque le fils aîné fut en âge de travailler, on le plaça comme berger sur le causse du Larzac, prés de La Vacquerie. A cause de l'éloignement, il ne venait que rarement voir sa famille qui se désolait de ne pas avoir plus souvent de ses nouvelles.
Or, à l'un de ses passages, il eut la surprise d'apercevoir dans les mains de sa mère un bâton qu'il avait sculpté en gardant son troupeau, puis jeté dans un gouffre profond du causse; les eaux souterraines l'avaient entraîné jusqu'à la source où sa mère venait puiser de l'eau.Depuis, tous les mois, le petit pâtre envoyait par ce moyen un objet qui faisait connaître aux siens qu'il était en bonne santé et qu'il pensait à eux. Une nuit, la mère guetta de longues heures le présent de son fils; tout-à-coup, ce fut le corps même de son enfant qu'elle vit apparaître...Le berger avait été entraîné dans le gouffre par un agneau vigoureux dont il voulait faire cadeau à sa famille. La mère, devenue folle, vint désormais clamer chaque nuit sa peine devant la source en hurlant de désespoir.Les gens l'avaient surnommée "la clamousa" (la hurleuse) et ce nom est resté à la source.

Une surprise de notre visite a été de tomber tout à coup, dans l'une des salles, sur deux aquariums. Ils contiennent de petits animaux cavernicoles, c'est-à-dire qui vivent en permanence dans les cavernes sans voir le soleil. Il y a d'un côté des protées, une sorte de salamandre qui est le seul vertébré cavernicole connu, et de l'autre côté des astyanax, petits poissons sans yeux et dont la peau est transparente. En réalité ces animaux ne viennent pas de Clamouse, mais ont été apportés d'autres sites en Europe, car la faune de Clamouse semble trop petite pour être montrée aux touristes.


Au cours de notre visite, nous avons aussi croisé un groupe de spéléologues tout habillés de combinaisons jaunes et munis de gants, de casques avec lampe etc... Ce n'étaient pas du tout des explorateurs, mais bien des touristes qui s'adonnaient à une toute nouvelle activité qui est proposée dans la grotte:  le spéléopark. Il s'agit en quelque sorte de faire de l'accro-branches, mais à l'intérieur de la grotte. On y trouve donc aussi des filets à escalader, des tyroliennes pour franchir des fossés et toutes sortes de passages plus ou moins compliqués. Ce sera à essayer un jour.

jeudi 4 août 2016

Nîmes romain


En été nous accueillons volontiers des visiteurs. L'un d'entre eux, venu des USA avec sa famille, souhaitait profiter de son séjour en France pour voir des ruines romaines. Il est vrai que l'empire romain ne s'est pas étendu au-delà de l'Atlantique.


Nous avons certes un musée archéologique à Lattes où l'on peut voir quelque pièces d'époque romaine, notamment cinq bornes milliaires de la fameuse via Domitia. Mais pour ne pas décevoir l'attente de notre invité, nous avons  décidé d'aller à Nîmes pour visiter des restes antiques plus conséquents.

Nîmes, alors appelée Nemausus, était un centre romain important dans la Gaule du 1er siècle avant JC et a conservé plusieurs monuments romains souvent dans un état assez exceptionnel. L'office du tourisme de Nîmes en recommande sept, et notre objectif, pour faire simplement une excursion de quelques heures, a donc été de visiter les deux plus importants: l'amphithéâtre (appelé maintenant Les Arènes) et la Maison Carrée.


Nîmes n'est qu'à environ 50 km de Montpellier reliée directement par l'autoroute A9. Il y a certes un péage, mais limité à 3,10 € pour l'aller et 3 € pour le retour, ce qui revient finalement moins cher que le stationnement là-bas (6,40 € pour  3 heures). On compte en général 30 mn pour faire le trajet, mais l'expérience montre qu'en été il y a beaucoup de ralentissements au niveau de Montpellier comme de Nîmes, si bien qu'il nous a fallu presque une heure pour chaque trajet.


On trouve assez facilement le parking souterrain des Arènes (payant) qui est bien indiqué quand on se dirige vers le centre-ville. On peut y laisser la voiture et ensuite faire tout à pied, le centre historique que nous voulions visiter se concentrant en fait entre Les Arènes et la Maison Carrée.  Quand on  sort du parking sur l'Esplanade Charles de Gaulle, on ne peut pas manquer l'amphithéâtre qui nous fait face.

L'entrée est payante assez cher, 10 €, mais il est recommandé de prendre le Pass à 12 € si on veut aussi aller voir la Maison Carrée, car le ticket séparé pour celle-ci coûterait 6 €. Comme nous étions avec deux jeunes filles de moins de 17 ans, nous avons au moins bénéficié d'un tarif famille où le 2ème enfant ne paie rien.

Pour ce prix, chaque visiteur de l'amphithéâtre reçoit un audioguide (dont on peut choisir la langue). Comme souvent, la visite avec un audioguide est un peu décousue, car on se trompe régulièrement en voulant suivre la succession des numéros, et il y a aussi un certain nombre de commentaires généraux qui peuvent s'écouter indépendamment de l'endroit précis où l'on se situe. En l'occurrence ici l'amphithéâtre ne présente que deux ou trois vues très différentes: l'une à l'intérieur quand on est sur les gradins, une seconde dans les galeries supérieures et la troisième dans les galeries inférieures.


Certes le monument vaut vraiment la peine d'être visité, car c'est sans doute l'un des mieux conservés et les plus élaborés de l'époque. Il est tellement peu en ruines, qu'il sert encore régulièrement de salle de spectacles.

D'ailleurs le jour où nous l'avons visité, il était rempli de gradins et de structures scéniques pour un concert de Francis Cabrel qui devait avoir lieu le soir-même. Tous ces amplis et projecteurs gâchaient un peu l'ambiance antique de la visite. En outre les Arènes fermaient ce jour-là à 15 heures pour pouvoir préparer le spectacle du soir. Il sera donc prudent de se renseigner la prochaine fois pour avoir de bonnes conditions de visite et éviter les jours de spectacles.


Pour que la visite ne soit pas trop brève, l'une des galeries comporte de nombreux panneaux assez intéressants expliquant ce qu'étaient les différents gladiateurs et comment étaient organisés les jeux du cirque. Dans une salle du niveau bas, on trouve d'ailleurs le vestiaire des gladiateurs, une sorte de reconstitution du lieu où ceux-ci se préparaient au combat et s'armaient.


Une autre alcove est consacrée à la corrida, ce qui est aussi encore une fonction importante de ces Arènes, mais seulement depuis le milieu du XIXème siècle, puisque Nîmes, avec sa fameuse feria de la Pentecôte, est l'un des principaux lieux en France où on peut voir des corridas traditionnelles et de haut niveau, tant pour les toreros que pour les taureaux.


A la fin de la visite, nous avions faim et convenu de nous diriger vers la Maison Carrée, en s'arrêtant en cours de route pour manger quelque chose. Nous avons cependant fait une grossière erreur: celle de prendre par le boulevard Victor Hugo, au lieu de nous enfoncer dans les ruelles de la vieille ville où il y a beaucoup de petits troquets sympa. Sur le boulevard il n'y avait que des boui-bouis assez bas de gamme, ou des brasseries très tristounettes. Le plus avenant dans cette misère nous a paru être un fast-food de kebab, c'est dire. Malheureusement la cuisine servie dans ce kebab était aussi très bas de gamme et insipide.


Ce n'est qu'après cette mauvaise expérience que je me suis souvenu d'une visite l'an passé à la cathédrale de Nîmes (où j'ai eu un cours d'orgue !), et d'une magnifique pizzeria, la Piazzetta,  qui se trouve juste à côté de la cathédrale et où j'avais sans doute mangé l'une des meilleures pizzas de ma vie. Quel dommage de ne pas y avoir pensé plus tôt, cela aurait sûrement été un meilleur souvenir gastronomique pour ma famille américaine que notre minable kebab.


Après le repas, nous sommes allés voir la Maison Carrée. Vue de l'extérieur c'est aussi un bâtiment magnifique et dans un état de conservation superbe, même si c'est grâce à de multiples travaux de rénovation au cours du temps.

Pour ne pas rester idiot, il faut citer cette remarque qui figure dans tous les guides et dépliants touristiques: La Maison Carrée n'est pas du tout carrée, mais rectangulaire. Seulement au XVIème siècle quand le bâtiment a pris son appellation, toute figure avec 4 côtés était appelée un carré, même si les quatre côtés n'étaient pas égaux.


D'ailleurs ce n'est pas non plus une maison, car c'était à l'origine un temple romain dédié à Auguste et à ses descendants.


La place où il se trouve a été récemment réaménagée par l'architecte anglais Norman Foster qui y a construit le Carré d'Art qui doit abriter un musée d'art contemporain.


Nous avons cependant été déçus de ne rien voir à l'intérieur. En guise de visite, on est assis (pas très confortablement) dans une salle de cinéma obscure où l'on voit un film de 20 mn sur les origines de Nîmes. Ceux qui paient six euros pour voir cela doivent être plus que déçus, même si le film en lui-même est bien fait.



Avec  l'amphithéâtre encombré pour un concert, un mauvais déjeuner, une déception à la Maison carrée, même un peu de pluie pendant nos visites, et les embouteillages au retour, cela aurait pu être une très mauvaise journée. En fait non. Nous en gardons malgré tout le souvenir d'une visite intéressante au cœur de l'été, preuve sans doute que malgré tout cela Nîmes est une très belle ville, agréable à visiter, avec des monuments de toute première qualité, et peut-être aussi parce qu'avant de repartir nous avons mangé de très bonnes glaces au Mogador Café, devant un alligator dans une fontaine.